Cronache del Ventennale / 3: 
L’UE c’est la guerre
 
0) A lire aussi (liens) dans "Horizons et Débats" et "Courrier des Balkans"
1) Le plus gros bobard de la fin du XXe siècle (Serge Halimi & Pierre Rimbert) / Le Monde diplomatique a raison mais... (Nikola Mirkovic)
2) L’Union Européenne c’est la guerre : le bombardement de la Yougoslavie ! (initiative Communiste)
3) Oublier ? Pardonner ? Jamais (par Fulvio Grimaldi)
 
 
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D'AUTRES ARTICLES DANS "HORIZONS ET DÉBATS" (ZURICH):
 
20 ANS DE CRIMES CONTRE LE DROIT INTERNATIONAL LA GUERRE CONTRE LA SERBIE – RÉTROSPECTIVE ET ANALYSE
par Jochen Scholz, ancien lieutenant-colonel de la Bundeswehr allemande (HD n° 10, 29 avril 2019)
 
COMMENT L’ITALIE A CONQUIS LE «STATUT DE GRAND PAYS»
par Manlio Dinucci, géographe et géopoliticien italien  (HD n° 10, 29 avril 2019)
ORIG.: 1999-2019. COSÌ CONQUISTAMMO LO STATUS DI "GRANDE PAESE"
L'Italia diventò la base di un conflitto armato – di Manlio Dinucci, 22/03/2019
https://ilmanifesto.it/litalia-divento-la-base-di-un-conflitto-armato/
 
«ARRÊTEZ LA CONFRONTATION, COMMENCEZ À DIALOGUER!»
Succès de la Conférence de Belgrade intitulée «Ne jamais oublier: favoriser la paix et la prospérité au lieu de la guerre et la pauvreté» | Interview avec Zivadin Jovanovic, président du «Forum de Belgrade pour un monde d’égaux» (HD n° 9, 15 avril 2019)

DÉCLARATION DE BELGRADE: NE JAMAIS OUBLIER 1999–2019 (EXTRAITS) (HD n° 9, 15 avril 2019)
 
«NOUS AVONS BESOIN DE LA PAIX, NOUS DEVONS NOUS UNIR ET PORTER CELA DANS NOS CŒURS»
Extraits des interventions tenues à la Conférence de Belgrade | par Eva-Maria Föllmer-Müller (HD n° 9, 15 avril 2019)

SANJA – UN MESSAGE DE BIENVENUE ADRESSÉ À LA CONFÉRENCE (HD n° 9, 15 avril 2019)
 
20 ANS APRÈS LE 24 MARS 1999: LES CRIMES DE GUERRE DE L’OTAN CONTRE LA YOUGOSLAVIE NE DOIVENT PAS RESTER IMPUNIS
par Karl Müller (HD n° 8, 1 er avril 2019)
 
 
D'AUTRES ARTICLES DANS "COURRIER DES BALKANS" (PARIS):
 
KOSOVO : LES VIOLS DE GUERRE ET LES MENSONGES DE FLORA BROVINA (Radio Slobodna Evropa | Par Amra Zejneli Loxha | lundi 20 mai 2019)
Jeudi, le Parlement du Kosovo adoptait une résolution sur les crimes de guerre de la Serbie. En plein débat, la députée Flora Brovina a brandi une soi-disant photo de victime de viol. En fait, un faux grossier. L’affaire a provoqué un tollé, nuisant gravement au combat des victimes des viols de guerre...
 
KOSOVO 1999-2019 : LES RÉFUGIÉS SERBES OUBLIÉS AU MONTÉNÉGRO (Courrier des Balkans | De nos envoyés spéciaux | jeudi 4 avril 2019)
Ils ont fui leurs terres du Kosovo en 1999. Pour eux le Monténégro a d’abord été un refuge, avant de devenir un cul-de-sac, un piège. Vingt ans plus tard, ils n’ont aucun droit et survivent comme des ombres administratives rejetées par Pristina, Podgorica et Belgrade, les trois États issus de la « petite » Yougoslavie. Reportage à Berane, dans les montagnes du nord du Monténégro...
 
LONDRES-BELGRADE, MARS 1999 : DERNIER VOL CIVIL AVANT LA GUERRE (Courrier des Balkans | Par Dejan Anastasijević | dimanche 12 mai 2019)
Le 24 mars 2019, la BBC publiait le dernier article du journaliste Dejan Anastasijević, décédé un mois plus tard. Dans ce texte, il évoque ses souvenirs, 20 ans plus tôt, la veille des bombardements de l’Otan sur Belgrade...
 
 
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Le plus gros bobard de la fin du XXe siècle

par Serge Halimi & Pierre Rimbert 
 
dans Le Monde Diplomatique, avril 2019
 
Il y a vingt ans, le 24 mars 1999, treize États membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), dont les États-Unis, la France et l’Allemagne, bombardaient la République fédérale de Yougoslavie. Cette guerre dura soixante-dix-huit jours et se nourrit de bobards médiatiques destinés à aligner l’opinion des populations occidentales sur celle des états-majors. Les Serbes commettent un « génocide », « jouent au football avec des têtes coupées, dépècent des cadavres, arrachent les fœtus des femmes enceintes tuées et les font griller », prétendit le ministre de la défense allemand, le social-démocrate Rudolf Scharping, dont les propos furent repris par les médias ; ils ont tué « de 100 000 à 500 000 personnes » (TF1, 20 avril 1999), incinéré leurs victimes dans des « fourneaux, du genre de ceux utilisés à Auschwitz » (The Daily Mirror, 7 juillet). Une à une, ces fausses informations seront taillées en pièces — mais après la fin du conflit —, notamment par l’enquête du journaliste américain Daniel Pearl (The Wall Street Journal, 31 décembre 1999). Tout comme se dégonflera l’une des plus retentissantes manipulations de la fin du XXe siècle : le plan Potkova (« fer à cheval »), un document censé prouver que les Serbes avaient programmé l’« épuration ethnique » du Kosovo. Sa diffusion par l’Allemagne, en avril 1999, servit de prétexte à l’intensification des bombardements. Loin d’être des internautes paranoïaques, les principaux désinformateurs furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN ainsi que les organes de presse les plus respectés (1).
Parmi eux, Le Monde, un quotidien dont les prises de position éditoriales servent alors de référence au reste de la galaxie médiatique française. Sa rédaction, dirigée par Edwy Plenel, admet avoir « fait le choix de l’intervention (2)  ». En première page de l’édition du 8 avril 1999, un article de Daniel Vernet annonce : « Ce plan “Fer à cheval” qui programmait la déportation des Kosovars ». Le journaliste reprend les informations dévoilées la veille par le ministre des affaires étrangères allemand, l’écologiste Joschka Fischer. Ce « plan du gouvernement de Belgrade détaillant la politique de nettoyage ethnique appliquée au Kosovo (…) porte le nom de code de plan “Fer à cheval”, sans doute pour symboliser la prise en tenaille des populations albanaises », écrit Vernet, pour qui la chose « paraît faire peu de doutes ».
Deux jours plus tard, le quotidien récidive sur toute la largeur de sa « une » : « Comment [Slobodan] Milošević a préparé l’épuration ethnique ». « Le plan serbe “Potkova” programmait l’exode forcé des Kosovars dès octobre 1998. Il a continué d’être appliqué pendant les négociations de Rambouillet. » Le Monde évoque un « document d’origine militaire serbe » et reprend à nouveau les allégations des officiels allemands, au point de reproduire l’intégralité d’une note de synthèse — ce qu’on appellerait aujourd’hui les « éléments de langage » — distribuée aux journalistes par l’inspecteur général de l’armée allemande. Berlin entend alors justifier auprès d’une opinion plutôt pacifiste la première guerre menée par la Bundeswehr depuis 1945, de surcroît contre un pays occupé cinquante ans plus tôt par la Wehrmacht.
Or ce plan est un faux : il n’émane pas des autorités serbes, mais a été fabriqué à partir d’éléments compilés par les services secrets bulgares, puis transmis aux Allemands par ce pays, qui fait alors du zèle pour rentrer dans l’OTAN. Le pot aux roses sera révélé le 10 janvier 2000 par l’hebdomadaire Der Spiegel et confirmé douze ans plus tard par l’ancienne ministre des affaires étrangères bulgare. A posteriori, le document aurait dû inspirer d’autant plus de méfiance que « fer à cheval » se dit potkovica en serbe, et non potkova, ainsi que le remarqua dès le 15 avril 1999 le député allemand Gregor Gysi devant le Bundestag. En mars 2000, le général de brigade allemand Heinz Loquai exprime dans un livre ses « doutes sur l’existence d’un tel document » ; son enquête oblige M. Scharping à admettre qu’il ne dispose pas d’une copie du « plan » original. Au même moment, le porte-parole du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie qualifie les éléments du prétendu plan de « matériel peu probant » (Hamburger Abendblatt,24 mars 2000) ; et la procureure Carla Del Ponte n’y fera même pas référence dans l’acte d’accusation de Milošević en 1999 puis en 2001.
« La guerre, avait expliqué Plenel peu après le début des bombardements, c’est le défi le plus fou pour le journalisme. C’est là qu’il prouve ou non sa crédibilité, sa fiabilité (3) » L’investigateur n’est jamais revenu sur ce grand écart avec « l’amour des petits faits vrais » qu’il proclame dans son livre pamphlet en faveur de l’intervention de l’OTAN (4)Le Monde évoquera à nouveau le faux, mais comme s’il l’avait toujours considéré avec prudence : « “Fer à cheval” reste un document fort controversé, dont la validité n’a jamais été prouvée » (16 février 2002). Spécialistes des Balkans, les journalistes Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin qualifient pour leur part le plan Potkova d’« archétype des fake news diffusées par les armées occidentales, repris par tous les grands journaux européens (5)  ».
La célébration d’un anniversaire n’aurait pas justifié à elle seule qu’on revienne sur cette affaire. Mais certaines de ses conséquences pèsent encore sur la vie internationale. Pour ce qui fut sa première guerre depuis sa naissance en 1949, l’OTAN choisit d’attaquer un État qui n’avait menacé aucun de ses membres. Elle prétexta un motif humanitaire et agit sans mandat des Nations unies. Un tel précédent servit les États-Unis en 2003 au moment de leur invasion de l’Irak, là encore aidée par une campagne de désinformation massive. Quelques années plus tard, la proclamation par le Kosovo de son indépendance, en février 2008, mettrait à mal le principe de l’intangibilité des frontières. Et la Russie se fonderait sur cette indépendance lorsque, en août 2008, elle reconnaîtrait celles de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, deux territoires qui s’étaient détachés de la Géorgie. Puis en mars 2014 quand elle annexerait la Crimée.
La guerre du Kosovo ayant été conduite par une majorité de gouvernements « de gauche », et appuyée par la plupart des partis conservateurs, nul n’avait intérêt à ce qu’on revienne sur les falsifications officielles. Et on comprend sans peine que les journalistes les plus obsédés par la question des fake news préfèrent eux aussi regarder ailleurs.

Serge Halimi & Pierre Rimbert

 

(1Cf. Serge Halimi, Henri Maler, Mathias Reymond et Dominique Vidal, L’opinion, ça se travaille… Les médias, les « guerres justes » et les « justes causes », Agone, Marseille, 2014.

(2Pierre Georges, directeur adjoint de la rédaction du Monde, entretien accordé à Marianne, Paris, 12 avril 1999.

(3Cité dans Daniel Junqua, La Lettre, n° 32, Paris, avril 1999, et reproduit sur Acrimed.org, novembre 2000.

(4Edwy Plenel, L’Épreuve, Stock, Paris, 1999.

(5La Revue du crieur, n° 12, Paris, février 2019.

 
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Editoriaux - International - 6 avril 2019
 

Le Monde diplomatique a raison : le Kosovo constitue bien le plus gros bobard de la fin du XXe siècle

 

Dans un excellent article de Serge Halimi et Pierre Rimbert, Le Monde diplomatique confirme que la guerre de l’OTAN, pour soi-disant libérer les Albanais du Kosovo du régime tyrannique de Slobodan Milošević, constitue bel et bien « le plus gros bobard du XXe siècle ». On n’avait pas besoin de le lire pour le croire, mais ça fait du bien de le lire quand même. Le mythe officiel autour du Kosovo est, littéralement, en train d’imploser.

Non, il n’y a pas eu de génocide. L’article rappelle que le ministre de la Défense allemand, Rudolf Scharping, avait dit sur TF1, le 20 avril 1999, que les Serbes avaient « tué de 100.000 à 500.000 personnes ». Pourtant, avant les bombardements de l’OTAN, on décomptait 2.000 morts… Serbes et Albanais confondus.

Non, l’opération Fer à cheval, censée purifier la région de toute présence albanaise, n’a jamais existé. C’est une invention ourdie par les renseignements allemands pour discréditer Belgrade. Tous les médias dominants s’en sont fait l’écho pour accuser les Serbes, mais la vérité est que ce plan n’a jamais existé.

Le Monde diplomatique a tout à fait raison de souligner que : « […] les principaux désinformateurs furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN ainsi que les organes de presse les plus respectés » et d’épingler tout particulièrement le « quotidien de référence »Le Monde, dirigé à l’époque par Edwy Plenel, qui n’a cessé de mentir dans ses colonnes au sujet de la Serbie, des Serbes et de la réalité du Kosovo. Le Monde était le porte-voix de l’OTAN, qui voulait une guerre totale pour démanteler la Yougoslavie et annihiler la petite Serbie, pourtant alliée historique de la France. Quand on pense qu’au début des années 1980, ce même quotidien défendait la cause des Serbes victimes de l’ostracisme des Albanais au Kosovo…

Le Monde diplomatique a également raison de rappeler que la guerre du Kosovo a été menée sans mandat de l’ONU. Elle était illégale et a servi de précédent pour d’autres guerres de l’OTAN ailleurs dans le monde.

Pour finir, Halimi et Rimbert ont raison de rappeler que la guerre du Kosovo a été « conduite par une majorité de gouvernements “de gauche”, et appuyée par la plupart des partis conservateurs », soulignant l’alignement atlantiste de nos dirigeants qui font semblant de se battre sur les plateaux télévisés mais qui s’agenouillent tous devant Washington une fois élus.

Le Monde diplomatique oublie juste une conclusion évidente qui s’impose à la lecture de ces événements : aucun des crimes commis par l’OTAN en Serbie n’a été jugé et très peu de politiciens et de journalistes de l’époque ont osé avouer qu’ils nous avaient menti au sujet du Kosovo. Cela en dit long sur la justice internationale et la déontologie de nombreux journalistes.

Les « fake news » d’État sont bien les pires, mais on n’est pas près d’y mettre fin tant que les criminels qui les propagent ne sont pas arrêtés, jugés et mis hors d’état de nuire.
 
 
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L’Union Européenne c’est la guerre : le bombardement de la Yougoslavie !

 

L’Union Européenne se serait la paix. C’est la réponse à toutes les critiques de la construction européenne. Qu’un ouvrier dénonce les euro- délocalisations, qu’un pêcheur dénonce la casse de la pêche française, un agriculteur, les scandales liés à l’euro-libéralisation des quotas, un écolo militant, le fait que les directives européennes soient directement écrites par les lobbyistes des multinationales ? D’un même cri les éditocrates protestent. Vous ne pouvez pas critiquer l’Union Européenne puisque ce serait la paix. Qu’un citoyen s’indigne que les référendums sont systématiquement piétinés lorsqu’ils ne ratifient pas aux diktats de l’Union Européenne, idem et on pourrait multiplier les exemples à l’infini. Cet argument est désormais devenu quasiment le seul. C’est celui qui est répété en boucle dans les écoles, sur les radios, dans les journaux télévisés. Afin de faire croire qu’il n’y a pas d’alternative à cette Union Européenne. Cette UE dont les travailleurs constatent partout en Europe qu’elle est faite contre les peuples, contre les travailleurs du vieux continent mais également du monde. Ces travailleurs dont elle ne vise qu’à permettre l’exploitation maximale pour faire grossir les profits des grands groupes du Capital. Puisque les travailleurs ne peuvent ressentir aucun effet positif de l’Union Européenne – et la promesse de pouvoir voyager sans visa et sans changer de monnaie à Porto Fino ou dans les Baléares n’en est pas un alors que pour la grande majorité le défi est de remplir le frigo, n’est assurément pas un argument convaincant – il faut leur faire peur. Si vous ne voulez pas de cette Union Européenne, c’est que vous voulez la guerre. Mais l’Union Européenne est-elle la garantie de la paix ? Rien n’est plus faux.

Il est vrai que depuis le 9 mai 1945 et la fin de la seconde guerre mondiale, il n’y a plus eu de guerre généralisée sur l’ensemble du vieux continent. Pourtant l’UE a-t-elle stoppé les guerres ? Il suffit d’ouvrir un livre d’histoire pour constater, par exemple, que l’armée française a participé à 235 opérations de guerre hors des frontières de la France depuis 1962 et la fin de la guerre d’Algérie. Entre 1945 et 1962, la France a été dans un état de guerre permanent pour empêcher la décolonisation, notamment en Indochine et au Maghreb.

Sur le vieux continent, l’Union Soviétique et le pacte de Varsovie ont, par leur rapport des forces, interdit tout conflit militaire ouvert. Ce n’est pas l’Union Européenne mais la guerre froide, et surtout la dissuasion nucléaire qui a empêché la guerre. Observons d’ailleurs que le capitalisme n’a pas cessé de déchirer par ses guerres le vieux continent. On peut citer ici ce qu’il faut bien appeler la sanglante guerre en Irlande du Nord, l’armée britannique se déployant en Irlande du Nord d’août 1969 à juillet 2007, les affrontements provoquant plusieurs milliers de morts.
 
Dès la fin de l’URSS, la guerre a immédiatement repris. L’Allemagne avec l’Union Européenne incendiant les Balkans en attisant les nationalismes et en reconnaissant au début des années 1990 la Slovénie et la Croatie faisant exploser la Yougoslavie dans une guerre sanglante qui durera plusieurs années. Avant d’attaquer directement avec l’OTAN la Yougoslavie, bombardant Belgrade en 1999. Pacifique l’Union Européenne ? ce ne sont pas les enfants de Belgrade qui ont vécu l’horreur des bombardements menés par l’Union Européenne, les journalistes visés par les missiles US qui l’affirmeront. Plus récemment, c’est en 2014 en Ukraine qu’à nouveau, pour mettre la main sur ce pays riche de ressources naturelles, agricoles et industrielles, l’Union Européenne provoque la guerre. Une guerre toujours en cours. Sur l’autre rive de la méditerranée, l’Union Européenne a porté aussi la guerre en Libye avec l’OTAN, puis en Syrie. Provoquant des millions de morts. Et l’on ne parle pas ici non plus de l’Afghanistan ou de l’Irak, où là encore l’Union Européenne a soutenu les guerres lancées par les États-Unis.
 

Non l’Union Européenne ce n’est pas la paix. L’UE, c’est le Capitalisme, l’UE c’est l’OTAN, l’UE c’est la guerre.

Pour la paix, il y a urgence à sortir de l’UE et de l’OTAN.

JBC pour www.initiative-communiste.fr

 
 
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ORIG.: Dimenticare? Perdonare? Mai! (di Fulvio Grimaldi)
dal Convegno internazionale a vent’anni dall’aggressione della Iugoslavia
 
6 avril 2019
Congrès international vingt ans après l’agression contre la Yougoslavie

Oublier ? Pardonner ? Jamais.
 
par Fulvio Grimaldi
 
Avec une éloquence dictée par l'indignation, l'auteur, tout en rendant compte du récent Congrès de Belgrade, nous donne une contre-histoire de la guerre de l'UE et de l'OTAN contre la Yougoslavie et la Serbie. Plus largement, il montre que la guerre de propagande médiatique qui a précédé les bombes est le prototype de toutes les guerre perpétrées depuis 1990 par l'Empire US. C'est ce qui explique la censure particulièrement dure qui frappe ceux qui dénoncent les mensonges sur cette guerre, comme Peter Handke : dans Autour du Grand Tribunal (2003), il oppose aux généralisations diabolisantes qu'on connaît bien l'attention aux faits et même aux petits faits vrais : c'est ainsi qu'il révèle les supercheries grossières des témoins de l'accusation contre Milosevitch au Tribunal International de La Haye ; "curieusement", cet ouvrage est censuré par Wikipedia, et n'apparaît pas dans sa bibliographie. Sur les mensonges à propos du Kosovo, on peut aussi se référer à Pierre Péan : Kosovo. Une guerre "juste" pour un Etat mafieux (2013).

Ceux qui, ces jours-ci, à l’occasion du XXème anniversaire de l’agression de l’OTAN contre la Serbie, entonnent un chœur de pleureuses sur une guerre qui a déchiré l’Europe et sanctionné la fin du jus gentium, le droit qui régule les rapports entre peuples et impose le règne de la loi sur les abus et les actes arbitraires, sont ceux qui, le 24 mars 1999, le matin après les premières bombes, s’armèrent de mensonges et partirent pour Sarajevo. Des cinquièmes colonnes de pèlerins de la paix accourus pour offrir une contribution à l’escroquerie qui parlait de nationalisme ethnique des Serbes, du « dictateur » Milosevic, de la persécution contre les Albanais au Kosovo, du siège meurtrier de la cité bosniaque par les Serbes, du massacre de 8000 innocents de Srebrenica (uniquement des miliciens du chef de bande Nasr Oric, homme de confiance du fasciste islamiste Izetbegovic, massacreur - v éritable - de 3500 Serbes autour de Srebrenica. Mais c’est Karadzic, le défenseur des Serbes contre les hordes djihadistes du fasciste Izetbegovic, recrutées par l ‘OTAN, qui se trouve aujourd’hui condamné à la prison par le tribunal pinochesque de La Haye).

Des civils, hommes de main du général bombardeur Wesley Clark entreprenaient allègrement, à Sarajevo et Belgrade, leur mission de paver la route, à coups de calomnies sur les Serbes et leur gouvernement, pour la destruction du dernier reste de cette grande expérience de vie et de projet communs qu’avait été la Yougoslavie socialiste de Tito. Communauté souveraine de peuples qui était l’axe d’un autre grand et positif projet d’alternative à la domination de l’impérialisme : l’organisation des Non Alignés.

Kosovo : l’inversion des nettoyages ethniques.

En même temps que les pionniers de 1992, les radicaux Marco Pannella et Emma Bonino, en tenue de camouflage aux côtés des néo-oustachis croates, que le Pape polonais à la tête de ses troupes en soutane, le pacifiste Alex Langer converti au

En même temps que les pionniers de 1992, les radicaux Marco Pannella et Emma Bonino, en tenue de camouflage aux côtés des néo-oustachis croates, que le Pape polonais à la tête de ses troupes en soutane, le pacifiste Alex Langer converti au bellicisme de l’OTAN, avec son appel aux bombardements sur les Serbes, les revanchards de Berlin, que les Serbes, ayant pourtant une main liée derrière le dos, avaient vaincus à eux seuls, des bandes d’ONG avaient déjà envahi le Kosovo et s’étaient déjà fait apprécier en tant que cantinières des écorcheurs des Balkans.

Dans les décennies précédentes, la chasse systématique au Serbe, au cœur kosovar de la Serbie, par des Albanais, bien souvent immigrés d’Albanie et devenus ainsi une majorité, avait été rendue possible par la tolérance de Tito au nom d’un système d’équilibre soucieux de ne pas irriter, par une hégémonie serbe, les autres composantes de la Fédération.

C’est ainsi que le nettoyage ethnique opéré par les bandes de l’UCK, soutenu par les universités ethniquement pures (réservées aux seuls Albanais) de George Soros et par les structures sanitaires de Teresa de Calcutta, ethniquement pures dans le même sens, fut retourné par ces ONG en son contraire : Serbes coupables, Albanais victimes. La presse italienne et internationale sur place, qui apportait sa garantie, aussi honnête que Gianni Schicchi qui « va, enragé, contrefaisant autrui » (Chant XXX de l’Enfer), ne s’aperçut pas du début de l’exode qui, à la fin, verrait 230000 Serbes, devenus d’éternels fugitifs, mais privés ne serait-ce que d’une miette de cette solidarité aujourd’hui élargie aux nouveaux réfugiés, déracinés par les effets du même impérialisme. Elle ne s’aperçut même pas des 150 monastères brûlés des XIIe, XIIIe, XIVe, XVe siècles, chiffre qui, par la suite, sous les yeux de la KFOR, s’élèverait à 230. Ni des maisons serbes occupées par les Albanais, ni des institutions de l’État livrées aux flammes. Mérites déontologiques qui valurent à un journaliste l ‘élévation au rang de correspondant à New York. Tandis que le brigandage narco- et organo-trafiquant de l’UCK valut aux coupeurs de têtes la reconnaissance, non de l’ONU, mais de quelques gouvernements d’égale qualité.

Présidents démocratiques appelés dictateurs, nettoyages ethniques, narco-Etats et interprètes simultanés d’ONG.

La dictature de Milosevic était tout aussi béton : il était président d’une fédération et d’une république où on votait, correctement, plus souvent que dans n’importe quel pays européen, où existaient de puissants et vociférants partis d’opposition et chaînes de radio et télévision inféodées aux propagandes occidentales sans que personne ne les invite à modérer les mensonges suggérés par Berlin et Washington. Et des ONG de toutes les couleurs, comme l ‘ICS ou les Combinaisons Blanches du célèbre navigateur Luca Casarini, étaient accueillies par des cinquièmes colonnes comme, respectivement, les « Femmes en Noir » et Radio B92, organe de George Soros, spécialisée dans les injures lancées au « régime » et les pierres lancées sur les Partisans qui manifestaient sous ses fenêtres.

Trop démocratique, Slobo, et révélateur trop précis de la stratégie des fossoyeurs lancés à l’assaut des peuples souverains dans le plan alors in ovo du Nouvel Ordre Mondial, pour pouvoir être laissé en vie dans la prison de La Haye, après que même l’argent de Bill Clinton n’avait pas réussi à faire trouver aux juges de ce tribunal de farce la plus petite preuve d’une quelconque culpabilité du président serbe. Nous l’avons salué, sous les barreaux de la prison de Scheveningen. Par contre, on ne vit aucune de ces ONG humanitaires, pas plus que le petit journal soi-disant de gauche qui, à travers son envoyé spécial, pleurnichait sur le méchantes bombes, mais se corrigeait en parlant du « despote Milosevitch, encore plus méchant – mettant sur le même plan les parties en cause au Kosovo, et jacassait sur le contre-nettoyage ethnique des Serbes, alors qu’il n’y avait qu’un seul et unique nettoyage ethnique, celui de l’UCK. Le résultat auquel il a allègrement contribué, c’est un Kosovo livré aux mains du gangster UCK Hashim Thasi, qui a été reconnu responsable du seul nettoyage ethnique perpétré et du trafic d’organes de civils et de soldats serbes capturés. Un pays dans la misère qui recevait pourtant plus d’aides qu’aucun autre, siège de la plus grande base américaine d’Europe, tête de pont pour le transfert en Occident de l’héroïne arrivant des zones d’Afghanistan contrôlées par l’occupant OTAN.

De l « ’intervention humanitaire » à l’enfer.

J’étais dans la rédaction du Journal télévisé de la 3 le matin du premier des 78 jours de bombardement ; l’invitation à considérer l’attaque comme une « intervention humanitaire » (la première de ces interventions qui ont coûté à l’humanité l’Afghanistan, la Somalie, l’Irak, la Syrie, le Yémen, le Honduras, et Dieu veuille que ne s’y ajoute pas le Venezuela !) ne me sembla ni juste ni correcte. Impossible de m’y associer, écœurant de me soumettre : depuis, on ne m’a plus vu à la RAI. Je pris une caméra et débarquai à Belgrade, au milieu des gens du « target » qui, sur le Pont Branko, objectif par excellence, défiaient en chantant les topguns de l’OTAN qui partaient d’Aviano sur l’ordre, entre autres, de D’Alema, premier ministre, et Mattarella, vice-premier ministre et ministre de la Défense. Avec Raniero La Valle, Sandra et le basset Nando, nous évitâmes, à Kragujevac, quelques missiles, nous vîmes à Belgrade, la nuit, l’ambassade chinoise en flammes et, le matin, le service de couveuses de l’Hôpital public touché par les bombes. De 1999 à 2001, je circulai en Serbie, au milieu des ruines d’hôpitaux, écoles, ponts, trains, maisons, orphelinats, usines, ambassade chinoise, télévision d’État avec ses journalistes et techniciens, la Zastava à Kragujevac (1), cœur ouvrier de la Serbie yougoslave, détruite jusqu’au sol par l ‘uranium et, un an après, remise en service par ses propres héroïques ouvriers. De cette expérience sortirent les deux seuls documentaires qui tentèrent, en Italie et en Europe, de dire une autre vérité.. C’est pourquoi on a eu maintenant la générosité, à Belgrade, de m’offrir une reconnaissance : je la garderai encadrée et bien en vue, pour ne jamais oublier. Comme l’ont promis les congressistes du Forum de Belgrade.

Le PRC (2) : Non, Milosevic non !

Mais de là sortirent aussi les reportages que « Liberazione », quotidien du PRC, m’avait demandé de lui envoyer. Et qui parurent dans la mesure où je décrivais les effets des bombardements. Puis, je traitai de la résistance ouvrière, intellectuelle, populaire, de l’incroyable reconstruction en très peu de mois, en particulier du magnifique pont sur le Danube à Novi Sad et de la Zastava. Et là, je découvris au retour que le rédacteur en chef Cannavò – qui travaille aujourd’hui, très logiquement, à l’atlantiste Fatto Quotidiano – en avait jeté une grande partie au panier. « On ne pouvait vraiment pas s’aligner sur Milosevitch » fut la justification de cet indécent abus – la même que me donna la sous-directrice Rina Gagliardi quand elle refusa mon interview de Milosevitch. Sa dernière interview, trois jours avant son arrestation, où il faisait preuve de grandeur d’âme, d’amour de la patrie, d’acuité dans l’analyse et d’une impressionnante lucidité sur ce que la destruction de la Yougoslavie allait entraîner. Je la publiai sur le Corriere della Sera, qui, au moins, s’y connaissait en journalisme.

Vingt ans après . Un congrès. De la mémoire et de la résistance.

J’étais venu à Belgrade pour le congrès lors du Xème anniversaire de l’agression ; j’y suis revenu maintenant pour le XXème. A 85 ans, je doute qu’on m’y revoie pour le XXXème. Mais eux, ils tiendront bon, jusqu’à ce que la vulgate des mensonges sur la Yougoslavie, les Serbes, leurs meurtriers et dévastateurs soit reconnue par une opinion publique qui s’obstine à se laisser rouler par des délinquants de guerre, de l’esclavage colonial et de l’information. Jusqu’à ce que les victimes aient été indemnisées, les territoires dépollués et qu’aient été guéris les corps brûlés par l’uranium appauvri (parmi les enfants de moins de quinze ans, on constate trois fois plus de tumeurs qu’en circonstances normales, sans uranium), et empoisonnés par les substances chimiques qu’on a libérées dans les usines pétrochimiques de Pancevo. Quelques maigres voix appelaient à la mémoire mais aussi au pardon – aussitôt submergées par le chœur : « Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas ».

Ceux qui tiennent bon, depuis les jours de l’agression, ont à leur tête un genre d’homme que nous voudrions avoir aussi chez nous : Zivadin Jovanovic était ministre de l’Extérieur dans le gouvernement de Slobodan Milosevic, témoin de l’infâme tromperie de Rambouillet, traité de « paix » par lequel Madeleine Albright (l’auteur des « 500000 enfants morts qui valaient la peine pour conquérir l’Irak ») prétendait imposer à la Serbie de se laisser occuper par l’OTAN. Témoin, à la fin des bombardements, de la « paix » de Kumanovo – peut-être la seule, grande erreur de Milosevic : le retrait des troupes serbes du Kosovo. L’UCK, sinon l’OTAN, l’aurait difficilement emporté, dans les montagnes serbes, sur l’armée héritière de la lutte des partisans contre les Allemands. Nous aurions vécu une autre histoire.

Certainement pas celle d’une Grande Albanie englobant le Kosovo et des morceaux de Serbie, de Monténégro et de Macédoine, vaisseau pirate poussé par le souffle de l’OTAN et de l’UE, devenu violent ces derniers mois et désireux d’en finir avec une Serbie qui, à Poutine venu en visite en janvier dernier, offre des réjouissances, un million de citoyens en fête et le rejet de l’OTAN. (« Pour nous défendre, notre armée nous suffit. Nous n’avons pas besoin de l’OTAN » - c’est ce que déclarait, à la conférence de presse, le Ministre de la Défense, Aleksander Vulin, répétant les propos du Président Vucic). Une Serbie que l’on nous décrit comme assaillie par les oppositions anti-Vucic, que nous avons vues fin mars réduites, dans la rue, à quelques dizaines de manifestants, criant, entre autres, des slogans qui rappellent très précisément ceux de l’OTPOR, la Cinquième Colonne créée par la CIA en 2000, et active par la suite dans le déclenchement de presque toutes les « révolutions colorées », jusqu’au coup d’État de Guaidó au Venezuela.

Forum de Belgrade pour un monde d’égaux.

Avec le Forum de Belgrade pour un monde d’égaux, où l’Italie est représentée par Enrico Vigna, à qui on doit aussi les projets avec les Serbes du Kosovo qu’il a décrits dans son intervention, Jovanovic, appelé Zita par les amis, donne depuis vingt ans forme et contenu à la résistance serbe et à la vérité. Pour cet anniversaire, il a réuni dans la capitale 500 participants venus du monde entier, historiens, journalistes, analystes, experts militaires, biologistes, et beaucoup de ceux qui, sur divers plans, ont, ces dernières années, entre oubli dû à l’ignorance et répétition des mensonges, préservé le flambeau des souvenirs et de la vérité. A Belgrade, nous nous trouvons, à juste titre, dans l’édifice des Forces Armées Serbes, au patriotisme desquelles les Serbes continuent à faire confiance. Pour l’Italie, nous sommes là, moi, Vigna, un représentant du Comité contre la Guerre de Milan, très actif dans les mobilisations,et le groupe de Jugocoord qui s’occupe, depuis des années, de recherches historiques sur la Yougoslavie et le fascisme.

Je n’avais pas une idée précise du sujet que j’allais traiter dans mon intervention à la conférence. Il s’agissait d’éviter des données et considérations qui allaient certainement être traitées par de nombreux intervenants : près de 30000 raids aériens, 10000 missiles Cruise, 21700 tonnes d’explosifs, 350 tonnes d’uranium appauvri, 36000 bombes à fragmentation, des bombes au graphite, 2200 civils tués, 33 hôpitaux touchés, ainsi que 23 raffineries, le Kosmet lui-même,(4) cher à l’OTAN, avec une augmentation de 200 % des cas de cancer. Et puis la dénonciation du complot génocidaire qui a vu la complicité de l’Allemagne, en premier lieu, puis des USA, de l’UE et du Vatican, les dédommagements absents, les actions de dépollution refusées, tout comme les pays de l’OTAN refusent de reconnaître le lien de causalité entre l’uranium et des effets pathologiques mortels.

Le baptême des False Flags du deuxième millénaire.

La muse des congressistes me sourit pendant le transfert de l’aéroport au centre de la capitale. Ma grande amie et camarade serbe en résistance, Gordana Pavlovic, veuve de guerre (une des grandes dames serbes que j’ai eu la chance de connaître, avec, en premier lieu, Ivana, qui, en Italie, garde vivante la flamme de la vérité sur la Serbie), me signale le siège, que j’avais vu à demi-carbonisé, du Comité Central du Parti. Je pensais qu’on le laisserait peut-être en l’état, monument éternel du crime de l’agression. Mais le regard se heurte à un gigantesque centre commercial sur lequel se détachent l’inscription « Zara » et celles d’autres marques de la consommation effrénée et imbécile. La grande place est un parking. Les maisons, cafés, boutiques, arbres, gens du voisinage ont disparu. Une identité effacée. Le déclic, le baiser de la Muse, ç’a été le mot identité. Il m’est venu à l’esprit à ce moment-là, et n’a ensuite été prononcé que par un seul intervenant : Pyotr Olegovitch Tolstoï, vice-président de la Douma, Fédération russe. Tolstoï a associé ce terme à la jamais assez forte dénonciation des escroqueries, tromperies, mensonges, faussetés énormes par lesquelles on a voulu déformer l’image, l’identité de la Yougoslavie et amener l’opinion publique à en accepter la désagrégation, prodrome de la guerre infinie, soi-disant « contre le terrorisme », menée par une bande d’Etats qui se sont construits et perpétués dans le terrorisme.

Terrorisme qui commence par la supercherie de Racak, déclencheur de l’attaque, quand quelques dizaines de cadavres mutilés de civils ont été attribués par le chef de l’OSCE, organisme prétendument médiateur, William Walker, à un massacre perpétré par les Serbes. Les médecins légistes finlandais qui examinèrent la scène ont démontré qu’il s’agissait de miliciens de l’UCK tués en combat, et mutilés après leur mort. Ensuite vinrent les armes de destruction massive de Saddam, Oussama ben Laden, le 11 septembre, Khaddafi et Assad qui bombardent leur peuple.. Bref, la False Flag comme mère de tous les crimes contre l’humanité.
Les tromperies peuvent être révélées, les culpabilités assignées, ponts, bâtiments, lignes de chemin de fer, hôpitaux, maisons, écoles, usines peuvent être reconstruits. Mais quand une identité est blessée, mutilée, elle ne cesse de saigner. Jusqu’à la mort. Et c’est là l’objectif stratégique des fossoyeurs armés de la faux de la globalisation. Effacer l’identité par la guerre, ou l’emprisonner et l’étouffer dans la cage des structures politiques et économiques, du type OTAN, ou UE. Le terrorisme guerrier vise à frapper culture, témoignages, racines, œuvres qui sont l’expression d’une communauté dans le temps, ses usages et structures de vie commune. Il a pour but de détruire l’âme, d’effacer le nom. La guerre par l’anéantissement de ce en quoi un peuple se reconnaît, de ce qui le lie à cette histoire et ce territoire, est terriblement sous-estimée. Au congrès de Belgrade, personne d’autre n’en a parlé, mais l’approbation et l’adhésion que ce sujet a suscitées ont prouvé qu’il était souterrainement présent.

Pas seulement des maisons, des hôpitaux, des monastères, des ponts, des écoles.

En Irak, les Américains ont, en premier lieu, (j’étais encore là), fait saccager, par une main-d’œuvre importée du Koweït, la Bibliothèque et le Musée Nationaux, qui contenaient 4000 ans d’une civilisation qui a su ensuite se diffuser au reste de l’humanité (non pas toute, à dire vrai). A Ur, patrie d’Abraham, ils ont écrasé avec les chaînes de leurs chars le premier asphalte inventé par l’homme. Ils ont perpétré la destruction de Babylone, Ninive, Atra, Nimrud, Mossoul avec leurs bombes en la déléguant aux mercenaires de l’ISIS. Comme en Syrie pour Palmyre, Alep, Raqqa. Comme en Libye pour Cyrène, Leptis Magna, Ghadamès...

Pour la Serbie, nous connaissons 150 monastères orthodoxes détruits au Kosovo, et 100 autres sous les yeux de la KFOR. Quelque chose a filtré des effets génocidaires dans le temps des fumées libérées par les raffineries incendiées, des substances chimiques mortelles sorties des réservoirs de Pancevo, volontairement et précisément ciblés (ceux qui étaient vides n’ont pas été effleurés !). Mais nous ne savons rien de la destruction ou de la dégradation des musées, des cathédrales, de la Forteresse de Belgrade, des cimetières anciens, des monuments byzantins et médiévaux, des églises, mosquées et synagogues, du Parc de la Mémoire à Kragujevac, du Parc National de Fruska Gora, où arbres et monastères étaient mis en pièces sous nos yeux, des centres urbains anciens et, donc, des formes de leur vivre ensemble. Tout cela pour effacer racines, identités, âmes, pour niveler et uniformiser. Et sans identité il n’y a pas de souveraineté. Sinon celle des globalisateurs, niveleurs, expropriateurs, ennemis haineux de la culture. D’où tirer la force, le sentiment de communauté, pour lutter ?

L’identité, l’ennemi principal.

Le travail des globalisateurs ne s’achève pas avec la guerre et les bombes. Preuve en est l’Opération Migrants, global- impérialiste, réédition de la traite des esclaves et du racisme colonialiste des siècles passés, couverte par l’hypocrisie des belles âmes partisans d’un accueil inconditionnel, mais dont le but est de vider de jeunes les pays dont on pille les ressources et d’annihiler la conscience de leur identité chez ceux qui partent et chez ceux qui accueillent. En témoigne l’universalisation de la gentrification dans les métropoles. Avec l’arrivée des riches et des cadres dirigeants, et des troupes de touristes uniformisés par des scénarios uniformes, entre Tokyo, Chicago, Londres, Lisbonne et la Milan abîmée par maires et architectes. Avec l’expulsion en périphérie du corps vivant du peuple et son remplacement par des centres commerciaux, B&B, chaînes d’hôtels, restaurants et boutiques franchisées, après qu’on a rasé au sol boutiques, cafés, petits restaurants, et les places avec leurs murets, leurs bals et leurs fontaines pour le samedi soir de la communauté d’hier et d’aujourd’hui, de toujours.

« La petite vieille est assise à filer avec ses voisines,
tournée du côté où le jour se perd.... »
« Les enfants, sur la petite place, en groupe,
et sautant çà et là,
font une rumeur joyeuse ».

Poète, mais aussi prophète, Leopardi : « Mais que ta fête, qui tarde encore à venir, ne te soit pas pesante »..

Le Centre Commercial Zara & Co à la place du bâtiment du Comité Central, est un mauvais signe. De même le nouveau quartier des très riches, le Waterfront (à l’anglaise !) sur le fleuve. Pour le moment, le centre semble préservé.

Le Forum de Belgrade pour un Monde d’Egaux a été, devait être, vu l’oubli ignorant des responsables et de leurs scribes, un congrès de la mémoire. Mais, de Zivadin Jovanovic jusqu’au dernier délégué, nous étions conscients que la mémoire ne sert à rien si elle n’est qu ‘une galerie d’ancêtres et de paysages – ambiance dans laquelle trop de gens s’assoupissent. La mémoire des Serbes ne cesse d’accuser et d’avertir ; pour les fossoyeurs, la Serbie devrait être devenue le paradigme de l’humanité : ou on résiste aux sirènes des USA, de l’OTAN, de l’UE, ou on meurt tous. La mémoire, quand elle est dénonciation, devient résistance. A partir de la lutte contre ceux qui reviennent aujourd’hui chargés à nouveau d’agiter la rue. Rue illégitime, utilisée pour abattre un président qui, peut-être fluctuant, a en tout cas prononcé un Non à l’OTAN qui fera date. Cet OTAN qui, à partir du projet de rassemblement de tous les Albanais dans un seul Etat aux ordres de la criminalité internationale et locale, veut poursuivre l’infinie déstabilisation des Balkans et en finir avec ce cœur serbe qui a vaincu les nazis et refuse aujourd’hui de devenir une tête de pont pour la guerre contre la Russie.

Les conclusions tirées par Jovanovic soulignent l’engagement de défendre et diffuser au niveau international la mémoire des crimes et de leurs responsables. D’en tirer le renforcement de l’opposition à l’OTAN et à l’UE au nom d’un droit international et d’une souveraineté nationale à récupérer. De nouer des rapports de plus en plus étroits avec le traditionnel allié russe. De s’insérer, avec la force de l’expérience et de la souffrance subie, dans le front international de l’anti-impérialisme et de l’auto-détermination des peuples. Sous le signe du slogan du congrès : « Paix et progrès contre guerre et domination ».

J’ai terminé mon petit discours par une promesse que nous nous retrouverions ici, tous les 500 délégués, pour le XXXème anniversaire et même le LXème. Comme nous nous battons pour une cause juste, belle et bonne, nous ne mourons jamais. Nous sommes immortels. Il faut bien sourire de temps en temps.

Fulvio Grimaldi

Notes du traducteur.

(1) Kragujevac : ville célèbre pour son usine automobile Zastava, et pour le massacre de Kragujevac : les 20-21 octobre 1941, les Allemands massacrèrent quelque 3000 civils, y compris des femmes et des enfants, principalement des Serbes et des Roms.

(2) PRC : Parti de la Refondation Communiste.

(3) Kosmet : abréviation du nom officiel du Kosovo : Province Autonome du Kosovo et de la Metohija.

(4) Sardaigne : Région la plus militarisée d’Italie, qui peut ainsi remplir le rôle stratégique qui lui a été assigné par l’OTAN.

 

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