JOURNAL DE BELGRADE - Mardi 10 octobre, 13 heures

Nouvelles �lections le 19 d�cembre
Les institutions sont toujours paralys�es
par les violences et les menaces

MICHEL COLLON

Dans de tels moments historiques, les �v�nements se bousculent d'heure en heure, et la v�rit� du matin est d�pass�e l'apr�s-midi. Sous la pression de l'opposition et des violences qui se d�roulent ici, avec un Etat et des institutions compl�tement paralys�s, le Parlement serbe vient de s'auto-dissoudre. Les prochaines �lections auront lieu le 19 d�cembre.
Avec un nouveau syst�me �lectoral: la proportionnelle, et une seule circonscription pour tout le pays. Ce qui devrait avantager les radicaux de DOS, mais aussi les socialistes de Milosevic. On ne sait pas encore si le pr�sident serbe Milutinovic d�missionnera �galement.

Les memes r�sultats? Une situation de double pouvoir?
Quels pourraient etre les r�sultats dans deux mois? Probablement les memes, les gens n'ayant pas encore eu l'exp�rience de ce que signifierait concr�tement un gouvernement DOS pour leur emploi et leurs revenus. Certes, les violences et les activit�s maffieuses d�velopp�es par Djindjic ont choqu� meme une partie des partisans de Kostunica. Mais l'euphorie de la victoire et la persistance des illusions "On va vivre mieux, on gagnera 5.000 dollars comme l'opposition nous l'a promis", ces facteurs et aussi la perte de prestige de l'homme fort Milosevic, ainsi que l'affaiblissement de son parti, tous ces �l�ments pr�figurent un r�sultat favorable � DOS. Les partis de Seselj et de Draskovic - qui ont tous deux violemment critiqu� les violences maffieuses - pourraient reprendre un peu du poil de la bete, mais ce n'est pas du tout certain.
Va-t-on alors se trouver, pendant les annees qui viennent, dans une situation de "double pouvoir" avec un gouvernement yougoslave sous l'autorite de Milosevic et un gouvernement serbe sous l'autorite de Djindjic et de l'Occident? Ce serait une situation historique assez originale et explosive. Mais ce n'est pas certain. DOS fait pression pour ses solutions: soit un gouvernement minoritaire DOS, soit un gouvernement dit "technique" d'experts, soit une alliance DOS-SNP mont�negrin. On dit aussi que le SPS - sous une pression terrible actuellement - pourrait accepter de faire entrer DOS dans le gouvernement yougoslave; on aurait alors un gouvernement d'union nationale SPS-DOS-radicaux-SPO (Draskovic). Dans tous les cas, les affrontements devraient se poursuivre. Un partage de pouvoir n'est jamais qu'une solution temporaire, et les app�tits en pr�sence sont trop forts.

La partie n'est pas jou�e, mais la marge d'action est �troite
Quoi qu'il en soit, pour les progressistes du monde entier, il sera important de suivre cette situation attentivement et d'ouvrir les yeux sur ces partis yougoslaves dits "d�mocratiques"mais dont le programme est en r�alit� celui du FMI. Les mois � venir seront d'une grande importance, et la situation n'est pas encore d�finitivement jou�e.
Comme nous l'avons indiqu�, une bonne partie des �lecteurs de Kostunica reste anti-Otan: "Je suis content que Milosevic est parti, m'a dit Darko, juriste. Car il n'a pas men� le combat jusqu'au bout pour d�fendre les Serbes en Croatie, puis en Bosnie. Et il a n�glig� tous ces jeunes qui furent victimes de ces guerres. Mais avec ce nouveau r�gime, nous allons avoir un probl�me encore plus grave. C'est l'Otan qui arrive ici. Nous ne devrons pas les laisser faire."

Les cinq raisons de la d�faite
Comment expliquer la victoire de Kostunica? Par un ensemble de facteurs dont la plupart ont �t� d�velopp�s dans de pr�c�dents articles. 1. La violence de l'Otan. 2. Dix ann�es de privations par l'�tranglement �conomique du pays. 3. L'argent de la CIA qui a coul� � flots et qui a notamment provoqu� des d�fections. 4. Une campagne m�diatico-psychologique intelligente autour de l'homme neuf et cr�dible Kostunica. 5. Les erreurs du r�gime Milosevic.

D'abord, fondamentalement, c'est une victoire de l'Otan, une victoire de la violence. Au printemps 99, au plus fort des bombardements visant des objectifs civils (installations �lectriques, approvisionnement en essence, routes, ponts...), le g�n�ral US Michael Short d�clarait: "Je suis persuad� que si les gens n'ont pas de courant pour faire marcher leur frigo, pas de gaz pour la cuisine, s'ils ne peuvent pas aller au travail parce que les ponts sont cass�s et s'ils n'arretent pas de penser aux bombes qui peuvent tomber � tout moment, le temps viendra ou ils vont se dire qu'il faut en finir avec tout ca'. Tout ca, c'�tait le r�gime de Belgrade.
Voil� ce que l'Otan appelle des �lections d�mocratiques. Tout comme Madame Carla Del Ponte, soi-disant magistrate internationale impartiale, en r�alit� simple arme de Washington au meme titre qu'un Tomahawk ou un vulgaire espion de la CIA. Cette dame vient de d�clarer: "Il est appropri� de ma part d'exprimer mon ravissement devant les �v�nements dramatiques se d�roulant � Belgrade, je leur souhaite plein succ�s avec leur toute nouvelle d�mocratie." (Communiqu� du 6 octobre) Curieuse magistrate, curieux tribunal, qui ferment les yeux sur le r�gne de la terreur et de la maffia au Kosovo et osent applaudir "la d�mocratie"tout en continuant � se livrer � leur sale travail de satanisation des Serbes!

Pour l'instant, nous ne d�veloppons pas ici les autres facteurs de la d�faite (trait�s pr�c�demment), mais nous en venons au cinqui�me facteur, sur lequel on nous pose beaucoup de questions. "Pourquoi n'y a-t-il pas eu de contre-manifestants dans la rue?" "Que pensent les travailleurs?" "Pourquoi l'arm�e n'a-t-elle pas boug�?

Pourquoi le r�gime a perdu son soutien

Hier, j'ai rencontr� des syndicalistes de province, venus me voir pour parler de mon livre "L'Otan � la conquete du monde"et m'inviter � venir donner une conf�rence devant leurs militants et affili�s. Leur organisation - qui s'affiche 'ind�pendante' mais �tait tr�s proche du parti socialiste -compte 35.000 membres. Je les ai �videmment interrog�s sur la situation actuelle. Je sentais leurs r�ponses vraiment vagues et confuses. Malaise. Finalement, un des responsables m'a dit: "J'ai coll� les affiches de Milosevic que j'ai recues, mais j'ai vot� Kostunica."
Nous voici en plein coeur de la perte de confiance.
Dimanche, je suis all� � Novi Sad observer le second tour des �lections r�gionales de Voivodine. Dans une interview (a paraitre) le secr�taire du parti socialiste pour la r�gion Dusan Bajatovic m� dit: "Nous sommes un tr�s grand parti, avec un tr�s grand nombre de cadres, et dix ans au pouvoir, c'est beaucoup. Ce qui a provoqu� une comp�tition entre cadres. Beaucoup de gens n'etaient pas dans notre parti pour des raisons s�rieuses, mais par int�ret. Et dans un pays pauvre vu, etre au parti excite les app�tits. Le peuple a vu des gens s'enrichir du jour au lendemain et sans raison valable. Il y a eu beaucoup de cas. D'ou venait cet argent? Et les gens ont pens� que c'�tait la position au SPS qui provoquait ces privil�ges.
La grande majorit� des membres sont cependant honnetes et d�vou�s � leur pays, et eux aussi jugeaient s�v�rement ces cas. Il y a eu aussi des accusations fausses contre les dirigeants du SPS et de l'Etat, mais dans ces conditions, les membres n'ont pas pu r�pondre correctement � ces attaques."
Aveu int�ressant. Reste �videmment � savoir pourquoi ces enrichissements et ces privil�ges n'ont pas �t� combattus. Parce que les b�n�ficiaires �taient trop haut plac�s?

"Il n'y a pas que le SPS, m'explique Branko, ing�nieur. Le parti YUL qui se r�clame de positions encore plus � gauche que le SPS, a aussi perdu sa cr�dibilit�. Il comptait en son sein de nombreux patrons tr�s riches. On ne peut pas avoir une th�orie de gauche et une pratique de droite." Mais il ajoute: "Ce n'est pas pour ca qu'il faut se jeter dans les bras de la droite. Il y a dix ans, les memes promesses occidentales ont �t� faites aux Roumains. Mais je connais ce pays, car mon travail m'y am�ne souvent. A pr�sent, la situation y est tellement catastrophique que vous pouvez meme voir des travailleurs roumains occup�s dans les champs, ici, en Yougoslavie, � Pojurevac! Et eux n'ont pas de sanctions."
Un autre intellectuel progressiste, Darko, pense de meme et ajoute: "Milosevic aurait du faire comme Castro. CElui-la on le voit toujours aller discuter avec les simples gens, avec les paysans, pour voir comment ca va, ce qu�ls pensent, leurs probl�mes. Cuba aussi est attaqu�, mais il se d�fend bien."

Quand on essaie d'�valuer le poids respectif de ces divers �l�ments, il faut se montrer prudent. Les faits que nous venons d'indiquer sont tr�s importants et nous y reviendrons. Mais ils ne sont pas nouveaux, les gens savaient ca depuis longtemps. Et personne n'a confiance dans l'honnetet� de l'opposition sur le plan de la corruption. il faut savoir qu'� ces �lections en fait le SPS a reproduit � peu pr�s ses scores �lectoraux pr�c�dents. Le facteur nouveau, c'est la r�ussite de DOS. Nous y reviendrons.



NOTA BENE:
Si le temps m'est disponible, je d�velopperai davantage la fin de cet article - encore aujourd'hui - et d'autres interviews sur le meme theme. Mais comme on ne sait jamais ce qui va arriver, je l'envoie deja pour premier usage.

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Qui viendra � Belgrade apr�s V�drine: Fischer, Kouchner et puis Albright?
Arrogant d�fil� des vainqueurs � Belgrade

MICHEL COLLON

Hubert V�drine, ministre francais des Affaires �trang�res, est venu � Belgrade. Le premier dirigeant occidental � venir savourer la victoire du FMI et de l'Otan. Pourtant, V�drine, a �t� condamn� par un tribunal yougoslave pour sa participation aux crimes des guerre commis par l'Otan dans ce pays.
De nombreux juristes internationaux et aussi l'organisation Amnesty International ont confirm� que l'Otan �tait bien coupable. Monsieur le pr�sident Kostunica est toujours consid�r� comme tr�s soucieux de la l�galit�. Fera-t-il appliquer ce jugement?
Quoi qu'il en soit, le d�fil� des vainqueurs - arrogants et impudiques - a commenc� � Belgrade. La rumeur a circul� que Bernard Kouchner souhaitait venir. Balon d'essai? C'�tait trop gros sans doute, car cet homme est tellement d�test� par tous les Serbes qu'il aurait fallu une arm�e pour le prot�ger.
Par contre, Joshka Fischer est annonc� pour bientot. Mais il esp�re rencontrer un autre ministre des Affaires �trang�res, aux ordres de l'Ouest.
Verra-t-on un jour Madeleine Albright venir c�l�brer son triomphe et se faire baiser la main � nouveau? Ce serait sans doute trop maladroit de le faire en public. Le baise-main risque de rester platonique. Mais c'est bien elle qui a gagn�.
Pour l'instant du moins.

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C'�tait bien une strat�gie de coup d'�tat soigneusement organis�!

Confirmation de ce que nous �crivions hier. Ce matin, dans le journal Glas d'opposition, Monsieur Velimir Ilic, maire de Cacak, se confie. On a remarqu� que les gens de cette ville avaient jou� un grand role dans les �meutes de jeudi.
"Nous sommes venus � dix mille de Cacak, nous avons bris� six barrages de police, battu des policiers, pris leurs radios Motorola, grace a quoi nous pouvions suivre les actions de la police.
Nous avons aussi amen� de quoi briser le parlement et la TV, car nous savions que quand ils tomberaient, il n'y aurait plus de Milosevic. Nous avions amen� des camions pleins de pierre et les jeunes avaient ordre de les lancer sur les objectifs.
Mais parmi nous, il y avait aussi des professionnels: 7 inspecteurs des MUP, 3 anciens officiers de la Securite d'Etat, plusieurs ex-officiers des services secrets et nous avions aussi nos karatekas. Chacun savait ce qu'il avait � faire et quelle partie de la ville il devrait couvrir. Nous avions des gilets pare-balles, et certains d'entre nous �taient arm�s."
On m'a �galement rapport�, mais j'attends confirmation que, parmi les meneurs de l'action contre le Parlement, figuraient des criminels r�cemment lib�r�s.
En tout cas, la division soigneusement pr�par�e des taches se confirme. Le Parlement et RTS attaqu�s, tous les autres grands m�dias ocup�s un par un, ainsi que des commissariats, 130 magasins saccag�s le jeudi soir (ensuite, il y a eu des appels � cesser les pillages). Ce qu'on ne montre pas, ce sont les nombreuses violences contre des membres du parti socialiste ou des journalistes des m�dias publics (voir autre t�moignage). Beaucoup n'osent sortit de chez eux.

Soulagement quand meme chez la majorit�
Ces faits ne sont gu�re connus. La tr�s grande majorit� des gens affichent leur soulagement. Les uns sont euphoriques de s'etre d�barrass�s de Milosevic contre qui ils ont accumul� une grande haine. Les autres sont simplement soulag�s qu'il n'y ait pas eu d'affrontements graves.
Et pourquoi n'a-t-on pas assist� � de grandes contre-mobilisations? Apr�s tout, Milosevic a quand meme fait pr�s de 40%. "Parce que ses �lecteurs sont surtout la vieille g�n�ration, m'explique Ratko, ing�nieur. La jeunesse, il l'a perdue. Ce sont les jeunes qui sont contre lui dans la rue."
Cette coupure entre g�n�rations nous l'avionc d�j� abord�e dans notre premi�re analyse du premier tour. C'est effectivement la grande question. Nous y reviendrons.
La majorit� affiche donc sa satisfaction. Ceci demeurera-t-il lorsque DOS passera � la pratique?

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Bollettino di controinformazione del
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