(francais / italiano)


Da: "Histoire" 
Oggetto: [listalr] Clichés ou vérités sur la première guerre mondiale? 
Data: 19 gennaio 2014 23:25:47 CET


Chers amis,
 
La grande offensive sur la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale a commencé dès 2013 sur le thème de l’intégration européenne facteur de paix: on aurait évité la grande boucherie, si « les interdépendances […] très fortes entre les économies » établies par le capital financier pacifiste ‑‑ au contraire de ce qu’a prétendu Lénine L’impérialisme, stade suprême du capitalisme ‑‑ l’avaient emporté (sur l’aveuglement, donc, des politiques ou des militaires).
 
Ce thème risque, entre deux lamentations ou repentances sur la "boucherie", de devenir d’autant plus envahissant que  ladite commémoration se produit en une année d’élections européennes, qui va nous valoir la « pédagogie » indispensable à la mise, fin mai, du bon bulletin de vote dans l’urne.
 
Vous trouverez donc ci-joint le texte "Clichés ou vérités sur la première guerre mondiale? Réponse à Nicolas Offenstadt", paru dans Initiative communiste, mensuel du PRCF, n° 140, janvier 2014, p. 14-15. Il est en libre diffusion, naturellement.
 
Cette première initiative sera, au cours de l’année 2014, suivie par d’autres, qui opposeront l’apport des sources originales à l’exaltation des "mémoires" transformant le capital financier en instrument de paix mondiale.
 
Amitiés à tous, et bons vœux renouvelés pour d’éventuels nouveaux membres de la liste de diffusion.
Annie Lacroix-Riz
 


=== FRANCAIS:

CLICHÉS OU VÉRITÉS SUR LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE? RÉPONSE À NICOLAS OFFENSTADT


Paru dans Initiative communiste, mensuel du PRCF, n° 140, janvier 2014, p. 14-15 

Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris 7


Le Monde a pour habitude d’énoncer la « doxa » historique (sur l’URSS et son « tyran rouge », sur le patronat pas « collaborateur », Louis Renault en tête, sur le démocrate colonel de la Rocque, etc.). Annonçant le 4 novembre 2013 le matraquage idéologique d’un an (minimum) qui nous attend, le « journal de référence » a donc chargé le médiéviste Nicolas Offenstadt, par ailleurs spécialiste des « mémoires » de la Grande Guerre, d’« en finir avec dix idées reçues sur » celle-ci. Car, nous explique ce dernier, « son fort impact sur la société française alimente la circulation d’images et de clichés qui ne correspondent pas à l’état du savoir des historiens. » Au sommet du panthéon mythologique figurerait l’idée que « la guerre était souhaitée par les industriels et les financiers ». Citons :
« Les interprétations marxistes des origines de la guerre, derrière les réflexions de Lénine sur l’impérialisme comme stade suprême du capitalisme, allouent une place centrale aux rivalités économiques accentuées par la baisse tendancielle du taux de profit, et au caractère prédateur des milieux industriels. Il y a certes des rapports de force commerciaux entre les blocs en Chine ou dans l’Empire ottoman, entre Britanniques - inquiets du “made in Germany” - et Allemands. La course aux armements dans l’immédiat avant-guerre, dans tous les pays, renforce cette interprétation. Mais l’historiographie a montré que les interdépendances étaient en fait très fortes entre les économies et que, pour nombre de secteurs (assurances, sociétés minières...), la paix était préférable à la guerre. La City a ainsi plutôt poussé à défendre la paix. Par ailleurs, en matière de politique étrangère, les milieux industriels et financiers n’étaient pas unis. »1

Le « cliché » présumé n’a d’emblée pas d’objet. Les marxistes se sont en effet contentés d’analyser l’économie capitaliste avant 1914 sans référence à l’éventuel « souhait » des banquiers et des industriels : Lénine, aussi hégélien que Marx, observe les pratiques des « capitalistes, en dehors de leur volonté et de leur conscience ». Il recense dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme les pratiques, à la veille de la guerre, du « capital financier [,] résultat de la fusion du capital de quelques grandes banques monopoleuses avec le capital de groupements industriels monopoleurs » dans la phase impérialiste née de la première grande crise systémique du capital (1873) : il parle, non des banquiers et des industriels, mais d’une « poignée de monopoleurs », « cartels et trusts » ayant alors procédé au « partage du monde ».
L’« oligarchie financière » - désormais plus que centenaire - a résisté à la baisse des prix et du taux de profit en cartellisant, en cassant les salaires et les revenus non monopolistes, bref, en reportant le poids de la crise « sur le reste de la population ». Mais elle n’a pu abolir la surproduction, c’est à dire l’insuffisance du taux de profit attendu par rapport au capital investi ou à investir, ni surmonter les rivalités et contradictions qui la déchirent. Elle a créé ou renforcé les cartels et trusts (effectivement « interdépendants », pour citer Nicolas Offenstadt), mais ces fruits et accélérateurs du développement inégal du capital ne « suppriment [pas] les crises. » Aggravant la concurrence des secteurs cartellisés, la crise contraint donc les monopoles à détruire massivement du capital et à se repartager le globe : leur « chasse aux colonies » ou zones assimilées (empires ottoman et russe) se renforce « après 1880 »; au début du 20e siècle se déploient les « guerres périphériques » jusqu’au coeur du continent européen, et les plans visant à « annexer, non seulement les régions agraires, mais même les régions industrielles (la Belgique est convoitée par l’Allemagne, la Lorraine par la France). »
C’est alors que Kautsky, le plus prestigieux marxiste vivant après la mort d’Engels, rallie le réformisme, idéologie alors triomphante des « agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier » : il forge la « théorie de l’ultra-impérialisme » [ou super-impérialisme] pacifique, les capitaux concentrés-cartellisés « préférant » le compromis au conflit. Ce rêve démobilisateur lui vaut les assauts de Lénine, avant que la guerre générale de 1914 ne tranche.
« Les cartels internationaux, dans lesquels Kautsky voit l’embryon de l’ultra-impérialisme (de même que la fabrication de tablettes de laboratoire “peut” être proclamée embryon de l’ultraagriculture), ne nous fournissent-ils pas l’exemple d’un partage et d’un repartage du monde, de la transition du partage pacifique au partage non pacifique et inversement ? […] Le capitalisme s’est transformé en un système d’oppression coloniale et d’étranglement financier de l’immense majorité de la population du globe par une poignée de pays “avancés”. Et le partage de ce butin a lieu entre deux ou trois rapaces universellement puissants, armés de pied en cap (Amérique, Angleterre, Japon) [sans oublier l’Allemagne et la France], qui entraînent toute la terre pour le partage de leur butin. »
Dans chaque pays, une historiographie documentée, pas toujours marxiste, a corroboré, tant pour 1914 que pour 1939, « les interprétations marxistes des origines de la guerre ». La thèse du conservateur Fritz Fischer, Dozent (assistant à l’université) sous Hitler, Les buts de guerre de l'Allemagne impériale 1914-1918, démontre l’unanimité en faveur de la guerre de butin de la « poignée » des décideurs allemands, soutenus par la quasi-totalité des forces politiques (SPD « majoritaire » inclus). Vieille de plus de 50 ans (1961, traduite en 1970), elle n’a pas pris une ride. Certes, l’historiographie dominante l’exclut des bibliographies officielles des concours de recrutement en histoire depuis les années 2000 : elle ne mentionne que Georges-Henri Soutou, L’or et le sang. Les buts de guerre économiques de la Première guerre mondiale (1989), qui conteste le consensus des décideurs allemands en la matière et contredit Fischer sur tout ou presque. Qu’importe que les sources originales attestent le consensus sur la guerre et sur ses buts économiques (après hésitation sur les compromis possibles) du bloc Banque de France, Comité des Forges et des Houillères, maître de l’État français. « La City a […] plutôt poussé à défendre la paix »? Non, elle a cherché avant 1914 à conclure un compromis colonial avec le Reich au détriment de leurs rivaux communs, français, portugais, belges, et elle a recommencé avant 1939. En 1937,
l’ambassadeur de France à Londres Charles Corbin a démontré par les archives que l’objectif d’Apaisement du tandem Chamberlain-Halifax (alors centré sur l’expansion en Autriche et en Tchécoslovaquie) calquait celui de 1912 appliqué au terrain colonial : Londres avait alors offert sur un plateau à Berlin de supplanter tous les empires coloniaux européens sauf le britannique . Ces deux tentatives, aussi durables et acharnées, échouèrent finalement parce que la crise systémique du capitalisme condamnait momentanément le compromis. Ce qui vaut pour l’Angleterre vaut pour les rapports des États-Unis avec le Reich et avec le Japon.

Nicolas Offenstadt ne se réfère pas à « l’historiographie », seulement à « l’historiographie dominante » antimarxiste, prescrite aujourd’hui par l’Université aux futurs enseignants à l’exclusion de toute autre : celle des Somnambules de Christopher Clark qui en quelque 670 pages prétend démontrer, suscitant l’admiration générale, que les dirigeants de tous pays ont « marché vers la guerre » manipulés par tel ou telle (ah, le thème d’Hélène et la Guerre de Troie proclamé « nouveau »!), victimes d’enchaînements maudits (mais Clark n’oublie pas de disculper l’Allemagne, entraînée par l’Autriche, du déclenchement du conflit, pour accabler les Serbes, les Russes, etc.). Ce tapage nourri de propagande sur « l’Union européenne » gage de paix éternelle – comme les cartels des 19e et 20e siècles? - enterre les archives diplomatiques, économiques et militaires qui ont annoncé sans répit la guerre générale au cours des crises précédant 1914 et 1939 .
L’historiographie américaine, si riche sur le « repartage du monde », démontre depuis les travaux de William Appleman Williams (The Tragedy of American Diplomacy, 1è éd., 1959) la pertinence du jugement de Lénine sur les relations germano-américaines de 1916 : 
« Le capital financier d’Amérique et des autres pays, qui partageait paisiblement le monde avec la participation de l’Allemagne, par exemple dans le syndicat international du rail ou le trust international de la marine marchande, ne procède-t-il pas maintenant à un repartage sur la base des nouveaux rapports de forces qui changent d’une façon absolument non pacifique? »

L’Apaisement, avant 1914 (comme avant 1939), visait-il à empêcher la guerre? Non, seulement à en négocier les conditions de survenue puis les conséquences aux meilleures conditions pour les rivaux-alliés. On s’aime bien entre banquiers « ennemis », on ne « souhaite » pas s’étriper, on se fréquente encore en temps de guerre. Mais, parce qu’il faut bien par les armes - objet de surprofits gigantesques - se débarrasser du capital « excédentaire », forces productives humaines incluses, et s’ouvrir les marchés verrouillés, on livre à l’enfer les peuples qui n’ont pas su dire non (autre objet de « cliché » qui mériterait mise au point). Refuser d’examiner, par la théorie et par les sources historiques, la nature guerrière du capital conduit à accréditer la mythologie « psychologique » de l’enchaînement fatal mais évitable (!) des événements. C’est plus séduisant, certes, que le rappel par Lénine des « dizaines de millions de cadavres et de mutilés laissés par la guerre faite pour déterminer lequel des deux groupes de brigands financiers – anglais ou allemand [américain, etc.] – doit recevoir la plus grande part du butin. »
Dans la conjoncture actuelle d’affrontements inter-impérialistes sur le « repartage » des ressources mondiales aussi impitoyables que ceux qui débouchèrent sur les deux guerres mondiales, triomphe à nouveau, sur fond d’« union sacrée » européenne et nationale, « la petite fable bébête de Kautsky sur l’ultra-impérialisme “pacifique” ». Ce qui est imputé à « l’historiographie » doit tout à la chape de plomb antimarxiste qui pèse sur la société et l’Université. La Première Guerre mondiale fut bien, comme la seconde, une guerre de rapine et de « repartage du monde » entre géants impérialistes. Sur la nature du capital, ses crises et ses guerres, ne vous en tenez ni au Monde ni à « l’historiographie » antimarxiste. Courez lire Marx et Lénine (L’impérialisme, stade suprême du capitalisme met les pendules à l’heure sur le « capitalisme financier » prétendument récent et permet, plus généralement, de ne pas mourir idiot), et renseignez-vous sur « l’historiographie » critique.


Nota. Parmi les « dix idées reçues » que combat Nicolas Offenstadt figure, en n° 3, le gros mensonge, seriné aux élèves de France depuis près de cent ans, que « les taxis ont joué un rôle décisif dans la bataille de la Marne ». Mais pourquoi l’historien, qui argumente d’ordinaire sur les « clichés » allégués, renonce-t-il ici fois à établir la vérité? Est-ce que parce qu’il eût fallu rappeler que, selon la formule de mars 1939 du sous-secrétaire d’État permanent du Foreign Office, Robert Vansittart, « la France n’aurait pas eu la moindre chance de survie en 1914, s’il n’y avait pas eu de front oriental » ?



Italique de mon fait. Pour les citations qui suivent, extraites de Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme , italique dans le texte.
2 Dépêches 918 et 924, Londres, 15 et 16 novembre 1937 (sur deux colonnes choix comparatif de textes intitulé « les voyages à Berlin de Lord Haldane et de Lord Halifax, 1912-1937 »), Grande-Bretagne 1918-1940, 287-287 bis, MAE. Comparaison, Annie Lacroix-Riz, Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930 , Paris, Armand Colin, 2010, p. 418-419.
Voir notamment la richissime Nouvelle série 1897-1918, archives du ministère des Affaires étrangères (La Courneuve). Enjeu de la formation des enseignants, Lacroix-Riz, L’histoire contemporaine toujours sous influence , Paris, Le temps des cerises, 2012, chap. 1 et passim .
Michael Carley, 1939, the alliance that never was and the coming of World War 2 , Chicago, Ivan R. Dee, 1999 p. 4, souligné dans le texte (traduction française, PU de Montréal, 2001).


=== ITALIANO:

www.resistenze.org - cultura e memoria resistenti - storia - 22-02-14 - n. 487

Luoghi comuni o verità sulla prima guerra mondiale? Risposta a Nicolas Offenstadt

Annie Lacroix-Riz * | Initiative communiste, n °140 historiographie.info
Traduzione per Resistenze.org a cura del Centro di Cultura e Documentazione Popolare

gennaio 2014

Le Monde ha l'abitudine di annunciare la «verità» storica (sull'URSS e il suo «tiranno rosso», sul padronato non «collaborazionista», Louis Renault in testa, sul democratico colonnello de la Rocque, ecc.). Annunciando il 4 novembre 2013 il martellamento ideologico di un anno (almeno) che ci attende, il «giornale di riferimento» ha quindi incaricato il medievalista Nicolas Offenstadt, peraltro specialista delle «memorie» della Grande Guerra, a «farla finita con dieci concezioni errate su» di essa. Perché, ci spiega quest'ultimo, «il suo forte impatto sulla società francese alimenta la circolazione di immagini e luoghi comuni che non corrispondono allo stato delle conoscenze degli storici».

Sdoganare il capitale

In cima al pantheon mitologico ci sarebbe l'idea che «la guerra è stata voluta dagli industriali e dai finanzieri». Citiamo:
«Le interpretazioni marxiste delle origini della guerra, in seguito alle riflessioni di Lenin sull'imperialismo come fase suprema del capitalismo, assegnano un ruolo centrale alle rivalità economiche accentuate dalla caduta del saggio di profitto, e alla natura predatoria degli ambienti industriali. Ci sono certamente dei rapporti di forza commerciali tra i blocchi in Cina o nell'Impero Ottomano, tra la Gran Bretagna - preoccupata del «made in Germany» - e tedeschi. La corsa agli armamenti nell'immediato anteguerra, in tutti i paesi, rafforza questa interpretazione. Ma la storiografia ha dimostrato che le interdipendenze erano in realtà molto forti tra le economie e che, per molti settori (assicurazioni, compagnie minerarie ...), la pace era preferibile alla guerra. La City ha così spinto piuttosto a difendere la pace. Peraltro, in merito alla politica estera, i settori industriali e finanziari non erano uniti.» [1]

Il «luogo comune» proposto non ha alcun fondamento. I marxisti si sono in effetti limitati ad analizzare l'economia capitalistica prima del 1914, senza riferimento ad alcun «auspicio»dei banchieri e degli industriali: Lenin, tanto hegeliano quanto Marx, osserva le pratiche dei «capitalisti, indipendentemente dalla loro volontà e dalla loro coscienza». Egli censisce in L'imperialismo, fase suprema del capitalismo le pratiche, alla vigilia della guerra, del «capitale finanziario [,] risultato della fusione del capitale di alcune grandi banche monopolistiche con il capitale di gruppi industriali monopolisti» nella fase imperialista nata dalla prima grande crisi sistemica del capitale (1873): egli parla, non dei banchieri e degli idustriali, ma di un «pugno di monopolisti»«cartelli e trust» che allora avevano proceduto alla «spartizione del mondo».

L'«oligarchia finanziaria» - ormai più che centenaria - ha resistito alla discesa dei prezzi e del tasso di profitto creando dei cartelli, tagliando i salari e le entrate non monopoliste, in breve, facendo pesare la crisi «sul resto della popolazione». Ma non ha potuto eliminare la sovrapproduzione, cioè l'insufficenza del tasso di profitto atteso rispetto al capitale investito o da investire, né superare le rivalità e le contraddizioni che la lacerano. Essa ha creato o rafforzato cartelli e trust (effettivamente «interdipendenti», per citare Nicolas Offenstadt), ma questi frutti e acceleratori dello sviluppo ineguale del capitale non «sopprimono [affatto] le crisi». Aggravando la concorrenza nei settori soggetti ai cartelli, la crisi costringe dunque i monopoli a distruggere massicciamente capitale e a spartirsi di nuovo il mondo: la loro «caccia alle colonie» o a zone assimilate (gli imperi ottomano e russo) si rafforza «dopo il 1880» ; all'inizio del 20esimo secolo si dispiegano le«guerre periferiche» fin nel cuore del continente europeo, e i piani miranti ad «annettere non solo le regioni agrarie, ma anche le regioni industriali (il Belgio è ambito dalla Germania, la Lorena dalla Francia).»

Il ritorno de «l'ultra-imperialismo»

È allora che Kautsky, il più prestigioso marxista vivente dopo la morte di Engels, aderisce al riformismo, ideologia allora trionfante degli «agenti della borghesia nel movimento operaio» : forgia la «teoria dell'ultra-imperialismo» [o super-imperialismo] pacifico, secondo cui i capitali concentrati-cartellizzati «preferiscono» il compromesso al conflitto. Questo sogno smobilitatore gli vale gli assalti di Lenin prima che la guerra generale del 1914 decida.
«I cartelli internazionali, in cui Kautsky vede l'embrione dell'ultra-imperialismo (così come la produzione di compresse di laboratorio «può» essere proclamata embrione dell'ultra-agricoltura), non ci danno l'esempio di una continua spartizione del mondo, della transizione dalla spartizione pacifica alla spartizione non pacifica e viceversa? […]
Il capitalismo si è trasformato in un sistema di oppressione coloniale e di strangolamento finanziario della schiacciante maggioranza della popolazione del mondo da parte di un pugno di paesi«progrediti». E la spartizione del bottino avviene tra due o tre rapaci potenze mondiali armati fino ai denti (America, Inghilterra, Giappone) [per non parlare di Germania e Francia], che coinvolgono tutta la terra per la spartizione del loro bottino».

In ciascun paese, una storiografia documentata, non sempre marxista, ha corroborato, sia per il 1914 che per il 1939, «le interpretazioni marxiste delle origini della guerra». La tesi del conservatore Fritz Fischer, Dozent (assistente universitario) sotto Hitler, Les buts de guerre de l'Allemagne impériale 1914-1918, dimostrano l'unanimità in favore della guerra di conquista di un«pugno» di decisori tedeschi, sostenuta dalla quasi totalità delle forze politiche (S.P.D. «maggioritaria» inclusa). Vecchia di oltre 50 anni (1961, tradotta nel 1970), è sempre attuale. Certo, la storiografia dominante la esclude dalle bibliografie ufficiali dei concorsi di assunzione in storia dagli anni 2000 : si parla solo di Georges-Henri Soutou, «L'or et le sang. Les buts de guerre économiques de la Première guerre mondiale» (1989), che contesta il consenso dei decisori tedeschi sulla questione e contraddice Fischer su quasi tutto. Poco importa che le fonti originali attestino il consenso sulla guerra e sui suoi obiettivi economici (dopo qualche esitazione sui compromessi possibili) del blocco della Banca di Francia, del Comité des Forges e Houillères [organizzazioni padronali della siderurgia e del carbone (ndt)], padroni dello Stato francese. «La City ha […]  piuttosto spinto a difendere la pace»? No, essa ha cercato prima del 1914 di concludere un compromesso coloniale con il Reich a scapito dei loro rivali comuni, francesi, portoghesi, belgi, ed ha ricominciato prima del 1939.
Nel 1937, l'ambasciatore di Francia a Londra Charles Corbin ha dimostrato in base agli archivi che l'appeasement del tandem Chamberlain-Halifax (all'epoca focalizzato sull'espansione in Austria e in Cecoslovacchia) ricalcava quello del 1912 applicato al campo coloniale: Londra aveva allora offerto su un vassoio d'argento a Berlino di soppiantare tutti gli imperi coloniali europei escluso quello britannico. [2] Entrambi i tentativi, anche duraturi e accaniti, alla fine falliranno perché la crisi sistemica del capitalismo condannò momentaneamente il compromesso. E ciò che vale per l'Inghilterra vale per le relazioni degli Stati Uniti con il Reich e con il Giappone.

Inno all'Unione Europea

Nicolas Offenstadt non fa riferimento alla «storiografia», ma solo alla «storiografia dominante» antimarxista, prescritta oggi dall'università ai futuri insegnanti con l'esclusione di tutti gli altri: quella dei Somnambules di Christopher Clark che in circa 670 pagine pretende di dimostrare, suscitando l'ammirazione generale, che i dirigenti di tutti i paesi hanno «marciato verso la guerra»manipolati da questo o quello (ah, il tema di Elena e la guerra di Troia proclamato come «nuovo»!), vittime di concatenazioni maledette (ma Clark non dimentica di scagionare la Germania, guidata dall'Austria, per lo scoppio del conflitto, per subissare i serbi, russi, …ecc.). Questo scalpore farcito di propaganda su «l'Unione Europea» garanzia di pace eterna - come i cartelli del 19esimo e del 20esimo secolo ? - sotterrano gli archivi diplomatici, economici e militari che hanno annunciato senza soste la guerra generale durante le crisi precedenti del 1914 e del 1939. [3]

La storiografia americana, così ricca sulla «spartizione del mondo», mostra a partire dai lavori di William Appleman Williams («The Tragedy of American Diplomacy», 1a ed., 1959) quanto fosse pertinente il giudizio di Lenin riguardo le relazioni tedesco-americane del 1916: «Il capitale finanziario dell'America e di altri paesi, che si divideva pacificamente il mondo con la partecipazione della Germania, ad esempio nel sindacato ferroviario internazionale o nel trust internazionale della marina mercantile, non procede adesso ad una nuova spartizione sulla base dei nuovi, mutati rapporti di forze in un modo assolutamente non pacifico?»

L'appeasement prima del 1914 (come prima del 1939), mirava a prevenire la guerra? No, solo a negoziare le condizioni e le conseguenze alle migliori condizioni per i rivali-alleati. Ci si vuol bene tra banchieri «nemici», non ci si «augura» di scannarsi, ci si frequenta anche in tempo di guerra. Ma, poiché si riesce bene con le armi - oggetto di profitti giganteschi - a sbarazzarsi del capitale«eccedentario», forze produttive umane incluse, e aprire i mercati chiusi, si mandano all'inferno i popoli che non hanno saputo dire no (altro oggetto di «luoghi comuni» che meriterebbe di essere messo a fuoco). Rifiutarsi di esaminare, con la teoria e con le fonti storiche, la natura guerriera del capitale porta ad accreditare la mitologia «psicologica» della sequenza fatale, ma evitabile (!) di eventi. E' più seducente, certo, del richiamo Lenin alle «decine di milioni di morti e mutilati lasciato dalla guerra fatta per determinare quale dei due gruppi di briganti finanziari - inglese o tedesco [americano, ecc.] - deve ricevere il grosso del bottino».

Nel contesto attuale di scontri inter-imperialisti sulla «nuova spartizione» delle risorse mondiali tanto spietati come quelli che hanno portato alle due guerre mondiali, trionfa nuovamente, sullo sfondo di una «unione sacra» europea e nazionale, la stupida favoletta di Kautsky sull'ultra-imperialismo «pacifico». Ciò che si attribuisce alla «storiografia» è tutto dovuto alla cappa di piombo antimarxista che pesa sulla società e sull'università. La prima guerra mondiale è ben stata, come la seconda, una guerra di rapina e di «nuova spartizione del mondo» tra i giganti imperialisti. Sulla natura del capitale, le sue crisi e le sue guerre, non attenetevi né a Le Monde né a «la storiografia» antimarxista. Correte a leggere Marx e Lenin (L'imperialismo, fase suprema del capitalismo mette le cose in chiaro sul «capitalismo finanziario» spacciato come recente e permette, più in generale, di non morire idioti), e informatevi sulla «storiografia» critica.

* Annie Lacroix-Riz, professore emerito di Storia Moderna, Università di Parigi 7
Pubblicato su Iniziativa Comunista, mensile del PRCF, n °140, gennaio 2014, p. 14-15

* * *
Nota. Tra i «dieci preconcetti» che Nicolas Offenstadt combatte figura, al terzo posto, la grande menzogna, continuamente ripetuta agli studenti di Francia da circa cento anni, che «i taxi hanno giocato un ruolo decisivo nella battaglia della Marna». Ma perché lo storico, che di solito argomenta i «luoghi comuni» addotti, qui rinuncia a ristabilire la verità? È perché sarebbe stato necessario ricordare che, secondo le parole del marzo 1939 del sottosegretario di Stato permanente presso il Foreign Office, Robert Vansittart, «la Francia non avrebbe avuto la minima possibilità di sopravvivenza nel 1914, se non ci fosse stato il fronte orientale» ? [4]

* * *
[1] Corsivo mio. Per quanto segue, tratto da Lenin, L'imperialismo, fase suprema del capitalismo, in corsivo nel testo.

[2] Dispacci 918 e 924, Londra, 15 e 16 novembre 1937 (su due colonne raccolta comparativa di testi intitolata «Les voyages à Berlin de Lord Haldane et de Lord Halifax, 1912-1937»), Gran Bretagna 1918-1940, 287-287 bis, MAE. Confronto, Annie Lacroix-Riz, La scelta della sconfitta: le élite francesi negli anni 1930, Parigi, Armand Colin, 2010, p. 418-419.

[3] Cfr. in particolare la ricchissima Nuova serie 1897-1918, Archivi del Ministero degli Esteri (La Courneuve). Tema della formazione degli insegnanti, Lacroix-Riz, Storia contemporanea ancora sotto l'influenza, Parigi, Le temps des cerises, 2012, cap. 1 e passim.

[4] Michael Carley 1939, «1939, The alliance that never was and the coming of World War 2», Chicago, Ivan R. Dee 1999 p. 4, sottolineato nel testo (traduzione francese, PU Montreal, 2001).