Ne laissons pas le FMI et la CIA
prendre le pouvoir � Belgrade !

Nous vivons un moment historique. Le seul pays d'Europe qui r�siste au
Nouvel Ordre Mondial est menac�. Une offensive savamment orchestr�e en
plusieurs �tapes jusqu'aux �lections l�gislatives de Serbie du printemps
2001. Objectif : placer au pouvoir � Belgrade des marionnettes du FMI,
de la CIA et de l'OTAN.

Michel Collon & Pol De Vos

Quoi qu'on dise, pour l'Occident, le probl�me principal en Yougoslavie
ne s'appelle pas 'Milosevic'. Ce que Washington et Berlin veulent, c'est
briser la r�sistance du peuple yougoslave contre la colonisation de leur
pays par les multinationales et l'Otan. Pour y arriver, Milosevic est le
premier obstacle qu'ils doivent liquider. Suivrait le d�mant�lement de
l'�conomie publique, des services sociaux, de l'arm�e nationale. Bref :
liquider la politique et l'appareil actuel de l'Etat yougoslave.

Apr�s les bombes, les dollars et les tromperies
Apr�s leur guerre a�rienne , les Etats-Unis et l'Europe ont pratiqu� une
strat�gie de d�stabilisation interne. Apr�s les bombes, les dollars de
la corruption et de la manipulation. Avec Kostunica, ils ont trouv�
l'homme qu'il leur fallait pour orchestrer une campagne de propagande
sophistiqu�e et tromper la population serbe et l'opinion mondiale. Si
ce 'cheval de Troie' r�ussit, peu d'espoirs que les choses se calmeront.
Au contraire, si la CIA gagne cette �tape, tout l'ordre constitutionnel
de cet Etat 'voyou' serait sous attaque.
Avec ou sans un deuxi�me tour des pr�sidentielles, avec ou sans
Milosevic � la pr�sidence, les Etats-Unis continueront leur politique de
d�stabilisation. Aussi longtemps qu'ils ne r�ussiront pas � briser la
r�sistance yougoslave. Kostunica n'est qu'une pi�ce du 'jeu'. Jamais
l'Occident n'accepterait jamais que 'son' pr�sident doive travailler
dans le cadre constitutionnel en vigueur. La seule issue pour le peuple
yougoslave est de r�ussir � s'unir de nouveau et de d�velopper une
politique ind�pendante comme Cuba.

Des mois d�cisifs
Mais ce peuple, m�me actuellement divis�, continue de r�sister. Les
prochaines semaines, les prochains mois seront d�cisifs. Il est de notre
responsabilit� d'aider � d�masquer cette hypocrite campagne des USA.
Ainsi, les bourreaux de l'Irak et de la Palestine, les patrons de
Pinochet et Mobutu, les assassins d'Allende et de Lumumba seraient tout
� coup devenus de grands d�mocrates philanthropes ?
Si nous les laissons s'installer � Belgrade, une pauvret� plus grave
encore attend le peuple yougoslave. Avec � la cl� de nouveaux
affrontements ethniques, manipul�s de l'ext�rieur.
Si nous laissons les USA coloniser � leur guise tous les Balkans, le
rapport de forces sera plus d�favorable pour tous les peuples d'Europe
de l'Est, de Russie, du Caucase, d'Irak, de Colombie, du Venezuela�
L'arrogance et l'agressivit� des 'ma�tres du monde sera renforc�e. Le
prochain Kosovo sera pour bient�t. En se d�fendant contre le FMI et
l'OTAN, les Yougoslaves nous d�fendent tous.

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Que faire pour arr�ter l'ing�rence
et laisser les Yougoslaves d�cider eux-m�mes de leur sort ?

1. Organiser des d�bats pour �clairer le r�le de Washington, du
FMI, de la CIA dans ces �v�nements. La Ligue Anti-Imp�rialiste diffuse
des livres et des vid�os tr�s �clairants, elle vous propose des
conf�renciers.
2. Mettre sur pied des projets d'info alternative (voir ci-contre).
Consulter le site www.lai-aib.org/balkans/
3. Soutenir des projets de solidarit� concrets. Savez-vous que la
Yougoslavie accueille � grand-peine - un million de r�fugi�s sur son
territoire ? Ils ont besoin de notre aide d'urgence.
4. Aller sur place. La LAI organise des voyages - notamment en vue
des �lections d'avril -pour prendre connaissance de la situation,
rencontrer la population et des sp�cialistes. A travers ces �changes de
peuple � peuple, chacun pourra mieux comprendre de quoi il retourne.


Contact : Ligue Anti-Imp�rialiste, 68 rue de la caserne, 1000
Bruxelles, t�l 02 50 40 140, e-mail : lai@...

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"Vive la globalisation!"

Curieux document du 'syndicat' de l'opposition serbe


J'ai ramass� ce journal Radnicka Rec (La Voix des travailleurs) �
Belgrade, lors d'une conf�rence de presse de l'opposition DOS. 16 pages
bien imprim�es, couverture couleur. Pour me faire une id�e, j'ai demand�
� mon interpr�te de parcourir les articles�

MICHEL COLLON

Premi�re surprise : pas un mot sur les conditions de vie ou les luttes
des travailleurs que ce soit dans d'autres pays de l'ex-Yougoslavie, en
Europe occidentale ou dans le tiers monde. Apparemment, pour eux,
ailleurs tout baigne. Pas de ch�mage, pas de probl�me pour payer la
facture du p�trole, pas de mis�re dans le tiers-monde, non, tout baigne�
Pas �tonnant si on lit, page 14, dans un petit Vocabulaire syndical, la
d�finition du mot 'Globalisation' : "Terme qui se rapporte g�n�ralement
� la r�volution globale dans les communications et les technologies de
pointe, ainsi que l'organisation du travail et une interd�pendance plus
intense des �conomies, des Etats et r�gions".
Voil� qui est vraiment bien gentil ! Un peu partout, on manifeste contre
la politique des multinationales qui prennent le contr�le des �conomies
du monde entier, s'emparent des mati�res premi�res, sous-paient les
travailleurs, ruinent les paysans, empoisonnent l'alimentation � coups
d'OGM et Cie, mais pour ce journal, la globalisation, c'est le paradis !
La plus grande partie des articles est consacr�e � des appels � voter
Kostunica, comment amener plus de gens � voter. Et surtout, page 7, un
article annon�ant "une tr�s forte inflation � trois chiffres", soit
100%, pour la fin de l'ann�e. Ainsi, avant les �lections, on tente de
semer la panique en �voquant l'hyper-inflation qui a frapp� le pays en
1993 lorsque le pouvoir d'achat et les �conomies des travailleurs
fondaient � vue d'�il. Au Chili, avant de renverser le gouvernement
Allende et d'installer le dictateur Pinochet, la CIA avait aussi lanc�
une campagne pour faire paniquer les m�nag�res.

Dans la presse de l'Ouest, ce syndicat-ci est toujours qualifi� comme
'ind�pendant'. En r�alit�, "on voit vraiment que c'est un journal Made
in USA", commente mon interpr�te. "Certaines expressions sont
typiquement traduites de l'am�ricain". Made in USA ? Disons carr�ment :
Made in CIA.

AJOUTER CITATION GELBARD

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"Partis, syndicats et m�dias
'ind�pendants' : c'est nous qui les finan�ons"

Le 29 juillet 99, un mois apr�s la fin de la guerre que les Etats-Unis
n'ont pas r�ussi � gagner, Robert Gelbard, envoy� sp�cial de Clinton
pour les Balkans, explique la nouvelle strat�gie au S�nat US : "Nous
finan�ons un large �ventail d'organisations d�mocratiques : ONG, partis
politiques, m�dias 'ind�pendants', organisations de jeunes et syndicats
ind�pendants."
"Ces deux derni�res ann�es, des agences US comme AID ou des ONG
- National Democratic Institute, International Republican Institute et
Endowment for Democracy (un paravent de la CIA - ndlr) - ont d�pens�
16,5 millions de dollars pour d�velopper la d�mocratie et la soci�t�
civile en Yougoslavie. Nous avons encore de l'argent disponible dans le
pipeline et nous l'utilisons � nouveau actuellement. Je travaille en
contact �troit avec la famille du National Endowment .
Le syndicat AFL-CIO a bien travaill� avec les syndicats
ind�pendants de Serbie. Avec notre soutien, ils pr�parent un nouveau
programme interactif. Le Centre pour l'Entreprise Priv�e Internationale
pr�pare un programme destin� aux businessmen et aux �conomistes
ind�pendants de Serbie. Ces �conomistes, particuli�rement ceux group�s
sous le nom de G-17 sont tr�s respect�s et influents dans la soci�t�
serbe." Et nous voulons aussi renforcer les m�dias ind�pendants serbes.
Bref, apr�s les bombes, Washington d�verse des dollars sur la
Yougoslavie.
Toujours dans le m�me but. Une question, seulement : sachant ceci,
comment la grande presse europ�enne ose-t-elle continuer � qualifier ces
syndicats, m�dias et autres Otpor yougoslaves de mouvements
'ind�pendants' ? Dans quel int�r�t ? (MC)

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"Nous voulons �tre une colonie"

Qui sont ces "experts" du G-17 que l'opposition veut mettre au pouvoir?


Que feront Kostunica et Djindjic s'ils arrivent au pouvoir � Belgrade?
Leur programme est celui du G-17, groupe d'�conomistes yougoslaves de
tendance FMI pure et dure. Au pass� tr�s r�v�lateur�

Michel Chossudovsky
& Jared Israel*

"Nous voulons �tre une colonie ouverte et une soci�t� ouverte", a
d�clar� Veselin Vukotic, coordinateur du G-17, interview� le 14 juillet
99 ("The News Hour with Jim Lehrer", US Public Television).
Le G-17 aime donner l'impression qu'il est ind�pendant et
d'orientation yougoslave. En r�alit�, il est financ� par le "Center for
International Private Enterprise" qui d�pend du "National Endowment for
Democracy" (NED). Le NED a �t� cr�� en 1983 pour r�soudre un probl�me de
la CIA. Celle-ci finan�ait des intellectuels et leaders d'opinion dans
le monde, mais "lorsque ces activit�s clandestines �taient r�v�l�es,
l'effet �tait d�sastreux", soulignait le Washington Post du 22 septembre
91. Le NED fut donc cr�� comme paravent: "Beaucoup de nos activit�s
actuelles �taient faites clandestinement par la CIA, il y a 25 ans"1
Il y a plus. Les �conomistes du G-17 d�tiennent d'importants postes au
sein de la Banque Mondiale et du Fonds Mon�taire International. Si
l'opposition 'd�mocratique' vient au pouvoir, ce sont eux qui g�reront
l'�conomie yougoslave, car le FMI exige toujours que ses hommes exercent
les fonctions dirigeantes.
Le programme du G-17 contient les m�mes mesures destructrices
impos�es en Russie, Ukraine, Bulgarie, P�rou et bien d'autres. D'abord,
le FMI force les gouvernements � se d�barrasser des protections
sociales: subsides � la nourriture ou au logement, transports ou soins
m�dicaux gratuits. Ensuite, par des manipulations �conomiques et de
nouvelles lois, il met en faillite les entreprises, publiques et
priv�es. Et alors, de petites bandes de voleurs internationaux peuvent
les racheter pour rien.

Vukotic a licenci� 600.000 travailleurs yougoslaves!
Le membre le plus exp�riment� du G-17 s'appelle Veselin Vukotic. En
1989, ministre de la privatisation dans le gouvernement Markovic, il
imposa le "Financial Operations Act", un plan de la Banque Mondiale qui
liquida 50% de l'industrie yougoslave! 1.100 firmes �limin�es entre
janvier 89 et septembre 90. 614.000 ouvriers licenci�s sur un total de
2,7 millions! Zones les plus touch�es: Serbie (notamment le Kosovo),
Bosnie-Herz�govine et Mac�doine. Effondrement des salaires, liquidation
des programmes sociaux, explosion du ch�mage. Voil� Vukotic. Qui veut
maintenant retourner au pouvoir.
En fait, il travaille d�j� pour le premier ministre mont�n�grin
qui l'y a nomm� chef de la Commission de Privatisation. Sur Internet,
nous avons r�cemment d�couvert une pub du minist�re US du Commerce
ext�rieur� "Mont�n�gro: on recherche managers du Fonds de
privatisation". Ils pourraient "restructurer" les entreprises
privatis�es, licencier les travailleurs et vendre les meilleurs
morceaux. Le minist�re des USA promet que "ceci devrait �tre tr�s
rentable".
En juin 2000, au moment o� les expulsions de Serbes y battaient
leur plein, Vukotic a r�clam� que le Kosovo ait sa propre monnaie,
s�par�e du dinar yougoslave!

Vujovic a mis l'Ukraine en faillite
Autre figure de proue du G-17 : Dusan Vujovic, �conomiste retrait� de la
Banque Mondiale. En ao�t 2000, il imposa � l'Ukraine un nouveau "paquet"
d�vastateur. Le d�sastre ukrainien avait commenc� en automne 94 par la
signature d'un accord avec le FMI. L'Ukraine recevait un pr�t de 360
millions de dollars, bien peu en �change de ce qu'on lui imposait. Le
FMI exigea que l'Etat cesse de contr�ler le taux de change de la
monnaie. Celle-ci s'effondra et le prix du pain augmenta de 300 % en une
nuit. L'�lectricit� de 600 %. Les transports publics: 900 %. On imposa
des prix en dollars � une population qui gagnait dix dollars par mois.
Le cr�dit gel� ainsi que la hausse de l'�lectricit� d�truisirent
l'industrie publique et priv�e. Les sp�culateurs internationaux se
ru�rent.
Le march� des c�r�ales fut d�r�gul� et ouvert aux ventes en
dumping des Etats-Unis. Exportatrice de c�r�ales, l'Ukraine en fut
r�duite � mendier une aide alimentaire aux USA et � l'UE. Gr�ce au FMI,
l'Ukraine est devenue un protectorat am�ricano-allemand. En ruines.


Gr�ce � Bogetic et au FMI, 90% des Bulgares vivent sous le seuil de
pauvret�
Le Dr. Zeliko Bogetic a �t� un m�decin du FMI lors de nombreux
traitements de choc. A chaque fois, le patient meurt.
En 94-96, il a jou� un r�le majeur pour forcer la Bulgarie �
adopter un "programme d'ajustement structurel". Liquidant toutes les
protections sociales: contr�le des prix, subside aux aliments, aux
logements et soins de sant�. La pauvret� devint massive. En 97, les
pensions avaient chut� � deux dollars par mois selon les statistiques de
la Banque Mondiale. Qui avoue que 90% des Bulgares vivent sous le seuil
de pauvret�.

Que signifierait pour la Yougoslavie l'arriv�e au pouvoir de
"l'opposition d�mocratique" et les r�formes style FMI? L'application des
m�thodes qui ont �t� impos�es � la Russie, l'Ukraine ou la Bulgarie.
En Russie, les salaires ont chut� de 86% la premi�re ann�e des
r�formes et l'activit� �conomique, d�j� basse, a diminu� de moiti�. Or,
l'histoire montre que le FMI est particuli�rement impitoyable envers les
pays qui ont �t� rebelles.



* Michel Chossudovsky, �conomiste canadien, auteur entre autres de La
Globalisation de la Pauvret�. Jared Isra�l �dite un des meilleurs sites
au monde sur la Yougoslavie. On peut y trouver la version compl�te
(anglaise) de cet article.

http://emperors-clothes.com/articles/chuss/1.htm

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Les liaisons dangereuses
de Monsieur Kostunica


"Cette fois, j'ai vot� Kostunica, car il est honn�te. Mais je n'aime pas
les gens autour de lui, et j'esp�re qu'il saura les ma�triser", m'a dit
un vieux professeur, ce dimanche 24 septembre, dans un bureau de vote de
Belgrade, o� j'�tais invit� comme observateur international. Beaucoup
m'ont dit la m�me chose. Qui donc est derri�re Kostunica ?

MICHEL COLLON

Face � Milosevic , incarnant la r�sistance � l'Otan, les dirigeants
habituels de l'opposition auraient certainement perdu s'ils s'�taient
pr�sent�s. Car Draskovic avait bais� la main de Madeleine Albright
(USA) en pleine guerre et Djindjic avait fui en Allemagne. Or, la grande
majorit� des Yougoslaves reste farouchement attach�e � l'ind�pendance du
pays.
L'habilet� de la nouvelle strat�gie a consist� � pr�senter un
homme 'neuf', Kostunica, qui multiplie les d�clarations 'critiques' �
l'�gard des Etats-Unis et de l'Otan. Mais son programme est celui du
G-17 (voir page 2), un groupe d'�conomistes yougoslaves tr�s � droite:
1. Introduction du deutsche mark comme monnaie nationale! 2. Forte
r�duction du budget militaire, ce qui priverait le pays des moyens de se
d�fendre contre de nouvelles agressions. 3. Alignement sur les recettes
anti-sociales du Fonds Mon�taire International. Apr�s une ann�e de
sursis, la partie pauvre de la population serait priv�e du 'filet de
s�curit� sociale' qui lui a permis de survivre jusqu'� pr�sent. Elle
devrait acheter les marchandises aux prix r�gnant en Europe occidentale
tout en disposant d'un pouvoir d'achat actuellement proche de bien des
pays du tiers monde.

Avec Kostunica, Djindjic et le FMI, la population serait-elle soulag�e?
Ces m�mes r�formes ont d�j� d�vast� des pays comme la Bulgarie,
l'Albanie ou la Roumanie. Un observateur roumain m'a confi�: "On nous
avait promis qu'apr�s la chute de Ceaucescu, le capitalisme sans freins
apporterait la prosp�rit�. Mais, aujourd'hui, l'�conomie est en ruines.
Nous avons ramass� dix milliards de dollars de dettes, mais on ne voit
pas un seul investissement. Les b�timents en cours de construction sous
Ceaucescu ne sont toujours pas achev�s, on ne cr�e pas de nouveaux
logements, les jeunes sont forc�s d'attendre que leurs parents meurent
pour obtenir un appartement. Apr�s avoir c�d� � la mode de la
consommation Coca Cola, McDonalds et Cie, ils se demandent : "O� vais-je
trouver du travail pour survivre?" Beaucoup devront �migrer.
L'Allemagne vient d'offrir dix mille visas pour des jeunes qualifi�s en
informatique. Cet exode des cerveaux privera encore plus le pays de ses
moyens de d�veloppement."
Beaucoup d'�lecteurs ont esp�r� qu'en changeant de dirigeants, ils
seraient d�barrass�s des sanctions internationales �tranglant leur pays.
Mais la victoire de Kostunica leur apportera-t-elle r�ellement le
soulagement et la stabilit�?
Sans doute de l'argent occidental irait dans certaines poches de ce
pays. Le vrai chef de l'opposition, Zoran Djindjic - l'homme qui tire
les ficelles de Kostunica - a re�u des millions de dollars pour faire le
travail de Washington. Et une nouvelle classe d'hommes d'affaires
tr�pigne d'impatience. Avec les multinationales, elle exige toutes
libert�s de mettre fin aux protections sociales. Pour exploiter � fond
une main d'oeuvre qualifi�e et comp�tente. Elle voudrait imposer une
concurrence impitoyable entre travailleurs, les soumettre � la peur du
licenciement et du ch�mage , les obliger � travailler sans respecter la
s�curit� ni le repos de la nuit ou du week-end.
Comme dans les pays dits 'avanc�s' o� une grande partie des travailleurs
se cr�ve au boulot, de plus en plus stress�s tandis que l'autre partie
d�prime au ch�mage. Voil� le sort qui attendrait le peuple yougoslave.
Sans compter que la d�r�glementation ch�re au 'G-17' leur permettrait
s�rement de jouir eux aussi de la maladie de la vache folle, de la
dioxine ou d'autres pollutions...

Dans le club des voleurs, il n'y a plus de place
Une grande illusion domine actuellement la jeunesse yougoslave, tromp�e
par les promesses de l'Ouest. A juste titre, elle souhaite vivre mieux.
Mais elle croit que si elle accepte les volont�s des multinationales et
des dirigeants occidentaux, la prosp�rit� suivra.
Mais d'o� provient cette richesse des multinationales occidentales? Du
fait qu'elles ne paient pratiquement pas les mati�res premi�res prises
au tiers-monde. Et que dans tous les pays o� elles vont exploiter des
travailleurs, elles font tout pour maintenir les salaires au plus bas.
C'est d'ailleurs une r�gle �conomique impos�e par le syst�me de la
concurrence capitaliste : seul survit, celui qui exploite le plus fort.
Partout donc, leur int�r�t est de maintenir au plus bas les salaires et
le niveau de vie g�n�ral . Sinon, elles partent.
Bref, si les soci�t�s des pays riches sont riches, c'est qu'elles volent
les pays pauvres. Aussi quand elles promettent � un pays pauvre qu'en se
soumettant, il pourra rejoindre le club des pays riches, c'est un
mensonge. Cette promesse ne pourrait �tre tenue: s'il n'y a plus
d'exploit�s qui se font voler, il n'y aura plus d'exploiteurs qui
s'enrichissent. La seule solution est un monde sans exploiteurs et sans
exploit�s, un monde de r�elle coop�ration internationale bas�e sur la
solidarit�.

Colonisation ne signifie pas stabilit�
La colonisation de la Yougoslavie et des Balkans par l'Ouest
n'apporterait pas la stabilit�. Si les in�galit�s sociales et la mis�re
augmentent, les peuples prendront conscience qu'ils ont �t� tromp�s, ils
se r�volteront pour regagner leur ind�pendance. Comme d�j� en Mac�doine
et en Roumanie o� les �lections devraient voir un retour de la gauche.
Pour d�tourner les r�voltes, les Etats-Unis et leurs amis essayeraient
certainement � nouveau d'exciter des affrontements entre nationalit�s.
Et si �a ne suffit pas, on verra alors que les bases militaires de
l'Otan ont pour fonction non seulement des objectifs strat�giques �
l'encontre de la Russie, du p�trole du Caucase et du Moyen-Orient, mais
aussi le r�le de r�primer les peuples des Balkans. L'Otan a soutenu les
dictateurs fascistes Franco et Salazar, elle a mis en place la dictature
des colonels grecs en 1967, puis celle des g�n�raux turcs; elle
n'h�siterait pas � recommencer. Mieux vaut ne pas introduire le loup
dans la bergerie.
La r�sistance est donc la seule voie possible pour assurer la paix et le
d�veloppement social dans les Balkans. Milosevic a d�clar� : "Si nous
devenions une colonie, nous ne serions jamais lib�r�s des sanctions
(l'embargo), car �tre une colonie c'est la pire forme de sanctions. Si
nous devenions une colonie, nous n'aurions aucune chance de
d�veloppement, ni � court, ni a long terme."
Sur ce point en tout cas, on ne peut que lui donner raison.

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JOURNAL DE BELGRADE - Mardi 10 octobre, 13 heures

Nouvelles �lections le 19 d�cembre
Les institutions sont toujours paralys�es
par les violences et les menaces

MICHEL COLLON

Dans de tels moments historiques, les �v�nements se bousculent d'heure
en heure, et la v�rit� du matin est d�pass�e l'apr�s-midi. Sous la
pression de l'opposition et des violences qui se d�roulent ici, avec un
Etat et des institutions compl�tement paralys�s, le Parlement serbe
vient de s'auto-dissoudre. Les prochaines �lections auront lieu le 19
d�cembre.
Avec un nouveau syst�me �lectoral: la proportionnelle, et une seule
circonscription pour tout le pays. Ce qui devrait avantager les radicaux
de DOS, mais aussi les socialistes de Milosevic. On ne sait pas encore
si le pr�sident serbe Milutinovic d�missionnera �galement.

Les memes r�sultats? Une situation de double pouvoir?
Quels pourraient etre les r�sultats dans deux mois? Probablement les
memes, les gens n'ayant pas encore eu l'exp�rience de ce que
signifierait concr�tement un gouvernement DOS pour leur emploi et leurs
revenus. Certes, les violences et les activit�s maffieuses d�velopp�es
par Djindjic ont choqu� meme une partie des partisans de Kostunica. Mais
l'euphorie de la victoire et la persistance des illusions "On va vivre
mieux, on gagnera 5.000 dollars comme l'opposition nous l'a promis", ces
facteurs et aussi la perte de prestige de l'homme fort Milosevic, ainsi
que l'affaiblissement de son parti, tous ces �l�ments pr�figurent un
r�sultat favorable � DOS. Les partis de Seselj et de Draskovic - qui ont
tous deux violemment critiqu� les violences maffieuses - pourraient
reprendre un peu du poil de la bete, mais ce n'est pas du tout certain.
Va-t-on alors se trouver, pendant les annees qui viennent, dans
une situation de "double pouvoir" avec un gouvernement yougoslave sous
l'autorite de Milosevic et un gouvernement serbe sous l'autorite de
Djindjic et de l'Occident? Ce serait une situation historique assez
originale et explosive. Mais ce n'est pas certain. DOS fait pression
pour ses solutions: soit un gouvernement minoritaire DOS, soit un
gouvernement dit "technique" d'experts, soit une alliance DOS-SNP
mont�negrin. On dit aussi que le SPS - sous une pression terrible
actuellement - pourrait accepter de faire entrer DOS dans le
gouvernement yougoslave; on aurait alors un gouvernement d'union
nationale SPS-DOS-radicaux-SPO (Draskovic). Dans tous les cas, les
affrontements devraient se poursuivre. Un partage de pouvoir n'est
jamais qu'une solution temporaire, et les app�tits en pr�sence sont trop
forts.

La partie n'est pas jou�e, mais la marge d'action est �troite
Quoi qu'il en soit, pour les progressistes du monde entier, il sera
important de suivre cette situation attentivement et d'ouvrir les yeux
sur ces partis yougoslaves dits "d�mocratiques"mais dont le programme
est en r�alit� celui du FMI. Les mois � venir seront d'une grande
importance, et la situation n'est pas encore d�finitivement jou�e.
Comme nous l'avons indiqu�, une bonne partie des �lecteurs de Kostunica
reste anti-Otan: "Je suis content que Milosevic est parti, m'a dit
Darko, juriste. Car il n'a pas men� le combat jusqu'au bout pour
d�fendre les Serbes en Croatie, puis en Bosnie. Et il a n�glig� tous ces
jeunes qui furent victimes de ces guerres. Mais avec ce nouveau r�gime,
nous allons avoir un probl�me encore plus grave. C'est l'Otan qui arrive
ici. Nous ne devrons pas les laisser faire."

Les cinq raisons de la d�faite
Comment expliquer la victoire de Kostunica? Par un ensemble de facteurs
dont la plupart ont �t� d�velopp�s dans de pr�c�dents articles. 1. La
violence de l'Otan. 2. Dix ann�es de privations par l'�tranglement
�conomique du pays. 3. L'argent de la CIA qui a coul� � flots et qui a
notamment provoqu� des d�fections. 4. Une campagne
m�diatico-psychologique intelligente autour de l'homme neuf et cr�dible
Kostunica. 5. Les erreurs du r�gime Milosevic.

D'abord, fondamentalement, c'est une victoire de l'Otan, une victoire de
la violence. Au printemps 99, au plus fort des bombardements visant des
objectifs civils (installations �lectriques, approvisionnement en
essence, routes, ponts...), le g�n�ral US Michael Short d�clarait: "Je
suis persuad� que si les gens n'ont pas de courant pour faire marcher
leur frigo, pas de gaz pour la cuisine, s'ils ne peuvent pas aller au
travail parce que les ponts sont cass�s et s'ils n'arretent pas de
penser aux bombes qui peuvent tomber � tout moment, le temps viendra ou
ils vont se dire qu'il faut en finir avec tout ca'. Tout ca, c'�tait le
r�gime de Belgrade.
Voil� ce que l'Otan appelle des �lections d�mocratiques. Tout comme
Madame Carla Del Ponte, soi-disant magistrate internationale impartiale,
en r�alit� simple arme de Washington au meme titre qu'un Tomahawk ou un
vulgaire espion de la CIA. Cette dame vient de d�clarer: "Il est
appropri� de ma part d'exprimer mon ravissement devant les �v�nements
dramatiques se d�roulant � Belgrade, je leur souhaite plein succ�s avec
leur toute nouvelle d�mocratie." (Communiqu� du 6 octobre) Curieuse
magistrate, curieux tribunal, qui ferment les yeux sur le r�gne de la
terreur et de la maffia au Kosovo et osent applaudir "la d�mocratie"tout
en continuant � se livrer � leur sale travail de satanisation des
Serbes!

Pour l'instant, nous ne d�veloppons pas ici les autres facteurs de la
d�faite (trait�s pr�c�demment), mais nous en venons au cinqui�me
facteur, sur lequel on nous pose beaucoup de questions. "Pourquoi n'y
a-t-il pas eu de contre-manifestants dans la rue?" "Que pensent les
travailleurs?" "Pourquoi l'arm�e n'a-t-elle pas boug�?

Pourquoi le r�gime a perdu son soutien

Hier, j'ai rencontr� des syndicalistes de province, venus me voir pour
parler de mon livre "L'Otan � la conquete du monde"et m'inviter � venir
donner une conf�rence devant leurs militants et affili�s. Leur
organisation - qui s'affiche 'ind�pendante' mais �tait tr�s proche du
parti socialiste -compte 35.000 membres. Je les ai �videmment interrog�s
sur la situation actuelle. Je sentais leurs r�ponses vraiment vagues et
confuses. Malaise. Finalement, un des responsables m'a dit: "J'ai coll�
les affiches de Milosevic que j'ai recues, mais j'ai vot� Kostunica."
Nous voici en plein coeur de la perte de confiance.
Dimanche, je suis all� � Novi Sad observer le second tour des �lections
r�gionales de Voivodine. Dans une interview (a paraitre) le secr�taire
du parti socialiste pour la r�gion Dusan Bajatovic m� dit: "Nous sommes
un tr�s grand parti, avec un tr�s grand nombre de cadres, et dix ans au
pouvoir, c'est beaucoup. Ce qui a provoqu� une comp�tition entre cadres.
Beaucoup de gens n'etaient pas dans notre parti pour des raisons
s�rieuses, mais par int�ret. Et dans un pays pauvre vu, etre au parti
excite les app�tits. Le peuple a vu des gens s'enrichir du jour au
lendemain et sans raison valable. Il y a eu beaucoup de cas. D'ou venait
cet argent? Et les gens ont pens� que c'�tait la position au SPS qui
provoquait ces privil�ges.
La grande majorit� des membres sont cependant honnetes et
d�vou�s � leur pays, et eux aussi jugeaient s�v�rement ces cas. Il y a
eu aussi des accusations fausses contre les dirigeants du SPS et de
l'Etat, mais dans ces conditions, les membres n'ont pas pu r�pondre
correctement � ces attaques."
Aveu int�ressant. Reste �videmment � savoir pourquoi ces
enrichissements et ces privil�ges n'ont pas �t� combattus. Parce que les
b�n�ficiaires �taient trop haut plac�s?

"Il n'y a pas que le SPS, m'explique Branko, ing�nieur. Le parti YUL qui
se r�clame de positions encore plus � gauche que le SPS, a aussi perdu
sa cr�dibilit�. Il comptait en son sein de nombreux patrons tr�s riches.
On ne peut pas avoir une th�orie de gauche et une pratique de droite."
Mais il ajoute: "Ce n'est pas pour ca qu'il faut se jeter dans les bras
de la droite. Il y a dix ans, les memes promesses occidentales ont �t�
faites aux Roumains. Mais je connais ce pays, car mon travail m'y am�ne
souvent. A pr�sent, la situation y est tellement catastrophique que vous
pouvez meme voir des travailleurs roumains occup�s dans les champs, ici,
en Yougoslavie, � Pojurevac! Et eux n'ont pas de sanctions."
Un autre intellectuel progressiste, Darko, pense de meme et ajoute:
"Milosevic aurait du faire comme Castro. CElui-la on le voit toujours
aller discuter avec les simples gens, avec les paysans, pour voir
comment ca va, ce qu�ls pensent, leurs probl�mes. Cuba aussi est
attaqu�, mais il se d�fend bien."

Quand on essaie d'�valuer le poids respectif de ces divers �l�ments, il
faut se montrer prudent. Les faits que nous venons d'indiquer sont tr�s
importants et nous y reviendrons. Mais ils ne sont pas nouveaux, les
gens savaient ca depuis longtemps. Et personne n'a confiance dans

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Bollettino di controinformazione del
Coordinamento Nazionale "La Jugoslavia Vivra'"

> http://digilander.iol.it/lajugoslaviavivra

I documenti distribuiti non rispecchiano necessariamente le
opinioni delle realta' che compongono il Coordinamento, ma vengono
fatti circolare per il loro contenuto informativo al solo scopo di
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Per contributi e segnalazioni: jugocoord@...

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