Mirko Marjanovic o sudjenju Slobodanu Milosevicu
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Danas
26 février 2002
(Traduit par Persa Aligrudic)

TPI : Entretien avec Mirko Marjanovic, ancien Premier ministre de
Serbie, actuellement Président du Parti socialiste de Serbie (SPS)

BEAUCOUP DE GENS DANS LE MONDE ENTENDENT
POUR LA PREMIÈRE FOIS LA VÉRITÉ

Propos recueillis par Tanja Kovacevic

" Le Président Milosevic a montré qu'il
avait de la classe, en tant que chef
d'État, politicien et commandant historique
du peuple. Il a montré comment
il faut se défendre, mais aussi comment
peuvent être défendus les intérêts
nationaux et la dignité nationale ",
souligne Mirko Marjanovic, actuellement
Président du SPS, répondant à nos
questions concernant le début du procès de
Slobodan Milosevic à La Haye.

" Par ailleurs, poursuit Marjanovic, le
" Tribunal " illégal a confirmé que
sa portée ne va pas au-delà d'une pasquinade
politique. On a pu le remarquer
lors de la présentation du soi-disant
" parquet ", qui spécialement pour
cette occasion a engagé le fameux
avocat britannique, Jeffrey Nice,
uniquement pour travailler sur cette
accusation montée. Alors que l'homme
que nous connaissons bien, choisi pour
être le premier témoin à alimenter
leurs inventions, n'a pu que provoquer
le sourire devant les puissants
arguments du Président Milosevic.

Beaucoup de personnes dans le monde ont
pu pour la première fois entendre la
vérité de la bouche de Milosevic, donc
de la meilleure façon possible. Les
réactions dans le monde sont particulièrement
fortes. La Douma russe exige
du Président Poutine que le Président
Milosevic soit immédiatement remis en
liberté. L'ancien Premier Ministre russe,
Evgeni Primakov, l'homme qui a "
détourné l'avion " au-dessus de l'Atlantique,
en direction de l'Amérique,
lorsqu'il a appris que les bombardements
de l'OTAN venaient de frapper la
Yougoslavie, propose de témoigner en
faveur du Président Milosevic. Une
délégation du Parlement grec, comprenant
le Président du PASOK, demande aux
Nations Unies de leur permettre de rendre visite au Président Milosevic,
étant donné que le " Tribunal " a refusé de leur permettre à plusieurs
organisations et institutions grecques. Les activités du Comité
international pour la défense de Slobodan Milosevic, soutenues par des
personnalités telles que Harold Pinter, Mikis Teodorakis, Aleksandar
Zinovjev, Peter Handke, ont de plus en plus d'écho dans le monde.

La construction échafaudée par le " Tribunal " pourrait facilement s'
écrouler sous les fortes accusations et les arguments du Président
Milosevic. Nous croyons cela possible et faisons tout pour contribuer
à ce que cela se produise au plus tôt. Le Président Milosevic a pris
le rôle de la partie civile dans ce procès, en accusant clairement,
avec nombre d'arguments, l'OTAN et ses États membres pour les crimes
et les meurtres commis en Yougoslavie. Ils ont assassiné notre peuple
et notre pays, non seulement pendant les 78 jours et nuits de
l'agression contre la Yougoslavie, mais aussi depuis 1990, en
armant et en tramant des complots guerriers avec les formations
séparatistes paramilitaires de Slovénie et de Croatie, puis en
reconnaissant leur indépendance, sans oublier les sanctions
les plus brutales de l'histoire, ni les responsabilités directes
dans la guerre civile en Bosnie.

Il semble que " la justice de La Haye "
ait ses partenaires les plus tenaces
à Belgrade même, dans le gouvernement de
la DOS (Opposition démocratique de
Serbie, au pouvoir depuis le 5 octobre
2000, NDLT). Après que tous nos
citoyens ont vu et entendu notre Président,
je suis convaincu que le pouvoir
actuel s'approche de sa chute, et qu'il
ne pourra plus jamais faire croire à
personne que notre avenir dépend de la
collaboration avec La Haye ", déclare
Mirko Marjanovic.

Danas (D): Pouvez-vous comparer le travail effectué par votre
gouvernement " d'Unité populaire " et celui du gouvernement de la DOS.

Marjanovic (M.M): Ce n'est pas comparable. Le gouvernement de l'Unité
populaire a été efficace et sérieux car il était formé par des gens
entièrement dévoués à l'intérêt général. Tout le monde le sait : dans
les conditions les plus difficiles du blocus imposé par l'Occident, de
guerre dans la région et d'agression contre notre pays, nous avons
assuré un degré élevé de protection sociale, garanti le taux de
croissance le plus élevé en Europe, et le pouvoir d'achat des citoyens
était trois fois plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui.

Par contre, ce groupe de citoyens étrangers et d'employés de compagnies
étrangères, auxquels se sont joints ceux des nôtres qui sont prêts à
servir n'importe qui, ce groupe qui se nomme nouveau pouvoir, est en
fait est le centre opérationnel de ceux qui veulent transformer ce pays
en un bantoustan, ou en un asile de pauvres où les étrangers seront
maîtres de tout et décideront de tout. Je ne crois pas que ce prétendu
nouveau pouvoir aura une longue vie.

D.: Quelle est la situation au sein du SPS ?

M.M : Au sein de notre parti règnent une grande unité, une grande force
et un grand potentiel. Les jeunes qui se sont affirmés dans le difficile
combat contre le pouvoir de ces pantins sont notre garantie pour
l'avenir. Les ambitions de certains, fondées sur des auto-louanges, ne
peuvent ébranler la stabilité du parti qui repose sur le soutien au
Président Milosevic, sur les principes originels de son programme et
d'un parti qui rassemble les plus vastes masses populaires.

D. : La nouvelle déclaration signifie aussi une nouvelle organisation du
parti, une préparation sérieuse pour les prochaines élections. Qu'est-ce
que cela signifie concrètement ?

MM : La déclaration de programme a été le moyen d'éveiller le potentiel
créatif des adhérents du parti. Dans la discussion à son sujet, nous
avons eu l'occasion d'entendre maintes idées utiles. Nous avons
découvert de nombreuses personnes prêtes à fournir un travail politique
sérieux, mais la déclaration elle-même, et la discussion qu'elle a
suscitée, ont avant tout affirmé les valeurs originales et les options
de programme des socialistes, confirmant que le SPS était resté, comme
depuis sa création, le parti des réformes sociales sérieuses dans
l'intérêt de tous. Toutefois, ce qui a marqué le plus fortement ce grand
débat chez nos adhérents, a été l'idée que notre parti prenne
l'initiative d'une action pour changer le pouvoir actuel et répondre
ainsi aux attentes des citoyens. Un fort et indivisible soutien
a été exprimé à Slobodan Milosevic.

De rares personnes ont demandé certains changements organisationnels.
Cependant, leurs voix n'ont quasiment pas été entendues dans le flot de
ceux qui mettaient au premier plan les questions politiques du moment,
afin d'entreprendre les actions urgentes pour combattre les conséquences
fatales de l'action des autorités actuelles.

Sur la base de tout cela, nous avons, lors d'un meeting organisé le 9
février, appelé à la formation d'une alliance nationale où entreraient
tous les partis, institutions et individus, prêts à donner leur
contribution pour mettre fin à l'agonie et à l'obscurité du 5 octobre,
et pour que vienne enfin à la tête de ce pays des hommes responsables,
compétents et intègres.

C'est le sujet le plus important du moment, et le SPS consacrera tous
ses efforts à la réalisation de ce projet. Je le répète, non pas pour
que "nos" hommes arrivent au pouvoir, mais pour que les meilleurs y
viennent. Ceux qui, comme dans tout pays normal, devront mettre en ouvre
les potentiels nationaux, matériels et humains, dans l'intérêt de la
nation.

D.: Vos collaborateurs, les anciens mais aussi les actuels, se trouvent
sur la liste des voyageurs pour La Haye. Quelle est votre opinion à ce
sujet ?

MM : " Le Tribunal " établit une liste en fonction de ses désirs, et ses
collaborateurs belgradois pensent qu'il établit une liste de voyageurs.
Je crois qu'il y a trop de spéculations et de fausses informations. Au
demeurant tout présumé " insider " serait appelé, chez nous,
dénonciateur, faux témoin ou révisionniste, comme au temps de
l'Informburo, et je n' aimerais pas être dans sa peau.

D.: Le Premier Ministre de Serbie et le ministre de la Justice ont
appelé tous ceux qui figurent sur les listes du Tribunal à se rendre
volontairement. En échange de quoi, Serbie leur donnera sa garantie.

MM : En tant que responsables directs de l'enlèvement du Président
Milosevic et du viol de la Constitution, ils devront répondre tôt ou
tard de leurs actes. Qu'ils nous épargnent d'essayer de "vendre" au
peuple leur problème - c'est-à-dire les engagements qu'ils ont pris
personnellement et les pressions qui sont exercées sur eux pour qu'ils
les tiennent - comme une question de survie pour nous tous. Le peuple
s'est réveillé et a vu clair, il a vu la vérité. Il sera difficile de le
duper de nouveau.

D.: Combien de militants du SPS ont-ils quitté le parti pour rejoindre
la DOS depuis le 5 octobre ?

MM : Au contraire. C'est l'une des conséquences positives du 5 octobre :
le SPS s'est renforcé et la DOS s'est affaiblie.

D : Est-ce qu'enfin la délégation du SPS va obtenir un visa pour rendre
visite à Slobodan Milosevic à La Haye ?

MM : La négation des droits de l'homme que le " Tribunal " inflige à
Slobodan Milosevic est inadmissible. Ne pas lui permettre de rencontrer
les gens de son pays et d'ailleurs qui aimeraient le voir, y compris sa
famille et ses avocats, n'est qu'une des questions sur lesquelles la
Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg doit apporter son
verdict. Je ne pense rien de bon en ce qui concerne la limitation de nos
contacts à quelques heures par mois, et du fait que ce soit eux qui
décident quel sera celui des membres de tel parti qui aura le droit de
lui rendre visite.

En outre, l'empêcher de communiquer avec sa famille et ses amis a pour
but de renforcer la pression psychologique, pour casser sa volonté et la
résolution avec laquelle il présente aujourd'hui au monde la vérité sur
la Serbie et la Yougoslavie. Rappelons qu'à cette fin, il avait déjà
subi la torture d'une surveillance 24 heures sur 24, avec un réflecteur
allumé dans sa cellule. Jeudi, après la fin de la session du jour, on
l'a laissé attendre trois heures le transport qui devait le ramener du
bâtiment du présumé " Tribunal " jusqu'à la prison de Scheveningen.

D: Est-il difficile de remplacer le Président en son absence?

MM: Sur la décision du Président Milosevic, soutenue par le Conseil
général et tout le parti, je suis Président en son absence. Le travail
est complexe, et représente une grande responsabilité pour l'avenir, pas
seulement pour le SPS. Le quotidien de notre pays occupé et sans visage,
qu'on déchire et qu'on vend, nous donne une énorme motivation pour
changer tout cela, immédiatement et au mieux. Il est très satisfaisant
de se battre avec de jeunes gens qui se consacrent à cette lutte et à
cet objectif.

D: Que veut dire la déclaration de Vojislav Kostunica, selon laquelle
c'est l'État qui se défend à La Haye, alors que le gouvernement de la
République de Serbie ne veut pas donner sa garantie pour que Slobodan
Milosevic puisse se défende en liberté?

MM: Qui de sensé pourrait s'attendre à ce que ceux qui l'ont enlevé et
livré à des fins d'intérêts personnels, lui donnent maintenant leur
garantie? D'autre part, je pense qu'il est grand temps que Monsieur
Kostunica transforme certaines de ses paroles en actes, s'il ne veut pas
faire figure de la personnalité la plus insignifiante qui se soit jamais
trouvée à la tête de ce pays. D'ailleurs, la délégation du SPS attend
toujours d'être reçue par lui et par le Premier Ministre fédéral Pesic,
justement au sujet du rôle de l'État fédéral de Yougoslavie dans ce
soi-disant procès. Monsieur Kostunica nous avait répondu par courrier
qu'il allait nous recevoir la semaine dernière, et cette semaine s'est
encore écoulée sans qu'il y ait de réunion.

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